Charlie, Clarissa, Yoav...

Déjà 2025, déjà des polémiques, déjà des ingérences, déjà des souvenirs douloureux, mais de la détermination et beaucoup de joie, parce qu'il en faut.

It Paris
3 min ⋅ 09/01/2025


Je vous souhaite une merveilleusement itparisienne nouvelle année. Une année gourmande, engagée, curieuse, qui n’a peur ni des maux, ni des imbéciles.

Le 7 janvier 2015, c’était un mercredi. Un mercredi qui a bouleversé notre perception de l’inqualifiable et de l’odieux. Puis il y a eu le triste 8, et le sombre 9.

La France découvre, horrifiée, l’hallucinante barbarie et la démente justification : “On les as eus, on a vengé le prophète”. Douze balles pour des dessins, douze morts pour un barbu.
Charlie Hebdo, seul face au reste de la presse, garant de la liberté d’offenser, du foutage de gueule et de la moquerie.
Cette France, où le dessin de presse, et a fortiori la satire, ne font plus vraiment recette, surtout auprès des plus jeunes, pour lesquels la caricature stigmatise.

Pourtant, ce n’est pas le dessin en tant que tel qui est en jeu, mais la liberté du dessinateur de le produire sans menace ni risque. Et lorsqu’on assassine une rédaction d’humoristes de talent, de dessinateurs insolents, d’irrévérencieux téméraires, de blasphémateurs salutaires, c’est un rempart de liberté qui s’effondre.

Il ne s’agit pas de savoir si Charlie est un bon journal, si les dessins qu’il publie sont sages et corrects ou grossiers et vulgaires - chacune et chacun a le loisir d’acheter ou de ne pas acheter, de regarder ou de fermer les yeux.
Mais que l’on soit croyant ou non, féministe, hétéro ou homo, musulman, juif ou chrétien, de droite ou de gauche, que l’on préfère l’humour léger au trash, on se doit de défendre les deux, au prix de notre éventuel dégoût.

À ceux qui objectent “qu’il n’y a pas de fumée sans feu”, “qu’ils l’avaient bien cherché”, “qu’ils n’avaient qu’à pas…”, à ceux qui tentent, comme à chaque attentat, de justifier l’injustifiable, nous rappelons que c’est le feu qui est dangereux, pas la fumée. Que le crayon ne tue pas, alors que la kalach oui. Et que si l’on se sent blessé ou indigné, il reste les tribunaux pour en juger.

Alors peut-on encore rire de tout en 2025 ?
Malheureusement, non.
Avec n’importe qui ?
Probablement pas.
Faut-il pour autant être calomnié, menacé, voire assassiné, lorsqu’on exprime une opinion supposément non conforme à certaines idéologies ?
Certainement, incontestablement, évidemment, absolument pas.
Il serait temps de remette les torts à leur juste place.



Les premières assiettes de 2025

La première très bonne nouvelle de cette année se trouve dans le 9e, rue Henry Monnier et s’appelle Magnolia.
Derrière cette table fleurie, Maxime Vaudin, qui a bousculé sa vie professionnelle et passé un CAP cuisine, convainc finalement Jack Bosco Baker de prendre les fourneaux. Ce chef aux accents British assumés, a déjà œuvré à la Vierge de la Réunion ou chez Robert, aujourd’hui fermé.

Malheureusement, ce soir-là, pas de tourte à la Guinness qui nous avait fait de 'œil, mais une magnifique queue de lotte au binchotan, aïoli safran, et une cannette au BBQ, pommes et chou noir.
C’est incroyablement généreux et pourtant… on a tout raflé en sauçant.
Il faut dire qu’en entrée, nous n’avions pris qu’une petite courge rôtie, cervelle de Cahut (le fromage frais, pas le cerveau) et une Saint-Jacques à peine nappé d’un velouté châtaigne.

A notre gauche, le pointilleux inspecteur d’un site gastronomique, bourru à souhait et à peine masqué, note tout sur un petit carnet. A droite, une tablée de potes de Maxime se régalent de chaque plat, notamment de cette perdrix au poivre qu fait vraiment envie.

Service charmant et attentionné, ambiance bistrot vintage réussie.
Une petite menthe-pastille pour finir en fraicheur - après un seul verre de Côte du Rhône - dry whatever oblige - et nous voilà conquis.

What? J’ai failli oublier le dessert… Deux petits choux craquants, glace vanille armagnac, chocolat chaud.
Totally charmed.


Magnolia
5 rue Henry Monnier 75009 Paris
Du mardi au samedi soir et bientôt ouvert le midi - Carte 55-60€



Juste avant d’aller voir la dernière de La Serva Amorosa avec Isabelle Carré (merci ma Gégé) dans le rôle-titre d’une servante aimante qui ne se laisse pas faire, nous nous sommes installés pour quelques assiettes au bar du Minibar, le bien nommé.
Et c’est à nouveau un chef d’outre-manche, Matt Hiltemann, qui vient titiller nos papilles de froggy.
Avec audace, parfois même un chouia trop.
On a adoré le plat star : le blood pancake (oui au sang) à l’anguille fumée, mayo encre de seiche et jaune d’œuf et le tartare de veau, poire, radicchio, raifort - on vous l’a dit, audacieux.
Idem pour le poulet poché, chanterelles, kumquat, et les incroyables filets d’anchois de Cantabrie.
Petit bémol pour le tarama et céleri en tempura, un peu gras sur gras.
Une bien joli bar que nous avions omis de tester. Décidément, cette rentrée est placée sous le signe de l’Union Jack !

Minibar
23 rue de Lancry 75010 Paris
Ouvert de 19 à minuit, fermé dimanche et lundi - assiettes 8-22€



It Paris

It Paris

Par Karine Salomon

- Bonjour, c'est pour un bilan de compétences.
- Parfait. Dîtes m'en un peu plus sur vous.
- J'aime manger, beaucoup. Et j'aime le bon vin.
- Très bien. Et ?
- J'aime beaucoup aller voir des expos et je m'y connais un peu.
- Ah c'est pas mal ça.
- On me dit que j'écris bien et que j'ai pas mal d'humour.
- Bon, ça peut servir.
- J'aime raconter, expliquer, vulgariser, faire saliver. Et rebondir sur l'actualité.
- Très bien. Alors, si je résume, vous êtes une rédactrice, gourmande, férue d'art, avec un talent certain pour le récit et les bons mots. Vous devriez écrire une newsletter.