Une newsletter hebdomadaire pour décrypter l'actu avec caractère. Pour découvrir les nouveaux restos parisiens testés en toute indépendance, et les expos du moment décodées avec expertise.
L'Origine du Monde, des madeleines, du chocolat et un gâteau coco d'enfance.
Dans cette chronique, il aurait été logique de s’intéresser à la victoire écrasante de Donald Trump et d’observer - sans prise de position, là n’est pas le propos - le protectionnisme, l’isolationnisme et le puritanisme d’État que les États-Unis s’apprêtent à ranimer. D’y voir surtout le plébiscite d’une certaine Amérique pour une paire de couilles sans doute moins impressionnante qu’il n’y paraît, mais qui a réussi un sacré pari, survécu à deux tentatives d’assassinat, promet la paix dans le monde, sert des burgers chez MacDo et se dandine au son de YMCA. Sans oublier une adhésion quasi mystique au libertarisme et à la mégalomanie d’Elon Musk.
Et si certains applaudissent - à tort ou à raison, là n’est pas le propos - le retour à la Maison-Blanche du plus mal coiffé des présidents américains, d’autres s’inquiètent de son instabilité et de l’influence antiféministe, pro-life, rigoriste de son colistier JD Vance, qui fait apparaitre Trump comme un agneau en cravate rouge.
Alors que Kamala Harris - à tort ou à raison, là n’est pas le propos - n’a pas su convaincre que, malgré l’absence de “balls”, elle pouvait diriger la plus grande puissance militaire occidentale, dans nombre de tyrannies religieuses et de régimes patriarcaux, les attributs féminins restent une arme redoutée. À l’image de cette jeune étudiante iranienne, Ahou Daryaei, qui exhibe son corps dénudé aux yeux épouvantés des gardiens de la révolution islamique, alors, qu’autour d’elle, les corbeaux noirs détournent le regard et que la jeunesse apeurée se dérobe.
Ce sexe féminin, encore considéré comme incapable d’appuyer sur le bouton nucléaire, dont les attributs à la fois maternels et sexuels inspirent, séduisent, frustrent ou terrorisent. Et dont la nudité serait si puissante qu’elle menacerait l’humanité.
Ici-bas, dans de trop nombreux régimes fanatiques, on maltraite, on viole, on emmure, on réduit à l’esclavage et au silence le sexe féminin, pour en faire l’attrait principal et sexuellement consommable de l’au-delà. Ce Paradis, dont la douceur, la splendeur, la richesse n’a d’égal que la “pureté” des 72 houris “aux yeux grands et beaux”, qui attendent les plus croyants et les plus combattifs.
Un mythe de salut et de bonheur éternel, rejeté par les auteurs modernistes et les théologiens érudits, contraire à la philosophie de l’Islam, mais pratiqué à outrance et à succès par les fondamentalistes islamistes.
Comme l’a si bien expliqué Kamel Daoud, dans cette pensée religieuse intégriste, le temps vivant ne compte pas. Il n’est de finalité que dans le passé ou dans l’au-delà. Et plus on multiplie les interdits dans l’existence, plus les plaisirs proposés après la mort prennent de la valeur. Le Paradis devient le lieu de toutes les jouissances que la vie terrestre condamne.
De l’Origine du Monde de Courbet, encore censuré sur les réseaux sociaux, jusqu’à Ahou Daryae en sous-vêtements, deAmina Sboui, militante tunisienne qui exhibe sa poitrine nu avec la mention en arabe “Mon corps m'appartient ", ou Aliaa Magda Elmahdy, militante égyptienne, obligée de se réfugier en Suède pour avoir posée nue en 2011 sur son blog, ces femmes sont les beautés de ce monde ascétique et rigoriste.
Puisses leurs seins en être remerciés.
News d’automne
Julia de Laguarigue, jeune cheffe formée chez Ferrandi, passée par l’Ami Jean et le traiteur Bonne Femme, a ouvert Bru, un bistrot épuré “franchouillard” aux accents tropicaux. Elle y cuisine, avec son second, dans un espace totalement ouvert, accolé à un joli comptoir, et démarre sur la pointe des pieds avec peu de produits dits “nobles”, mais beaucoup de créativité. Les oeufs mayo s’agrémentent de curry madras, le vitello tonnato de combawa et les Saint-Jacques de mandarine Satsuma. On a particulièrement aimé les petits accompagnements : crème de manioc au siphon, risotto d’orzo, et les haricots rouges et blancs à l’émulsion de poivre jamaïcain. En dessert, un moelleux et savoureux gâteau coco, emblématique de la Martinique. Porté par le talent discret de la cheffe et un service charmant, Bru devrait encore se bonifier. C’est bien parti.
Bru - 28 Rue Jean-Baptiste Pigalle Paris 09 Fermé samedi et dimanche
C’est la fête de la fève chez Plaq qui organise son 2ème Off du Chocolat. Si les tables rondes ont déjà commencé, il reste un long week-end pour se régaler de pâtisseries imaginées par les chefs qui cuisinent Plaq : opéra, cookies, gaufrettes, fondants, mochis, tartes, marbrés et même un bagel tout choco.
Quant à la madeleine, elle se fait belle dans deux adresses qui lui sont spécialement dédiées. Au Comptoir de la Madeleine de Quentin Hua, elle est peu bossue, moelleuse et croustillante sur les bords. En version “light”, les saveurs sont simples (vanille, citron), et même les versions “fourrées” restent légères et sdiablement addictive. Chez Proost, la madeleine est bien dodue, habillée de coques en chocolat et garnie généreusement (un peu trop pour notre estomac) : amlou, pistache, caramel. On préfère les plus simples, avec un vanille bien présente ou un citron acidulé.