Merci Michel.
Pas Michel Barnier dont les jours semblent comptés, à la grande satisfaction des Insoumis et du RN, jamais bien éloignés, toujours soucieux de bousculer la démocratie, entraînant avec malveillance la France dans une impasse sans précédent, sans gouvernement et sans budget.
Pas Michel Blanc, qui nous manque, ni Michel Sardou dont on se fout, mais Michel Hazanavicius.
Cinéaste, dessinateur, réalisateur, plutôt de gauche, républicain, laïque, et juif “entre autres choses”, comme il l’a précisé dans une tribune alarmée il y a quelques mois.
Michel, condamné à répondre seul à l’incompréhensible hargne de Villepin, en quête de réhabilitation diplomatique, défendant ses intérêts personnels, à l’empathie sélective, et persuadé d’être l’unique consterné face aux horreurs de la guerre.
Michel, seul à rappeler à cet ancien Premier Ministre en mal de notoriété, l’importance cruciale de la signification des mots. Qui redit que le “drame inimaginable” auquel les Palestiniens font face, et dont la responsabilité est, aussi, et surtout iranienne, ne peut être qualifié de génocide. Et que l’utilisation délibérée de l’expression “soupçon de génocide”, censée en relativiser la portée, n’est pas innocente.
Michel venu présenter son bouleversant film d’animation La Plus précieuse des Marchandises, tiré du conte éponyme de Jean-Claude Grumberg, qu’il a lui-même illustré. Un film dur et presque tendre, d’apparence simple, mais questionnant de façon complexe le libre arbitre et le choix qui nous est toujours offert entre brutalité et humanité, entre anéantissement et protection.
Ce petit bijou d’humanité, que certains jugeront peut-être un peu naïf ou irréaliste, dénonce avec sincérité et candeur les dérives des doctrines figées et des vérités fallacieuses.
Le trait est un peu rustique, les paysages empreints d’une esthétique japonisante, les expressions saisissantes de vérité et les dialogues discrets. La voix intense et éraillée de Jean-Louis Trintignant, la musique délicate d’Alexandre Desplat, et la berceuse yiddish Schlof Zhe, Bidele nous transportent dans un coin de sensibilité, entre chagrin immense et espérance.
Il faudrait montrer ce film dans les collèges, ouvrir le dialogue et permettre à des jeunes de toutes origines et de toutes religions d’exprimer leurs inquiétudes et leurs éventuelles réticences.
Seul le débat peut ébranler les certitudes et bousculer les dogmes. Penser qu’il est déjà trop tard, revient à baisser les bras.
Je ne m’y résous pas. Pas encore.
Parallèlement à la sortie au cinéma de La Plus Précieuse des Marchandises, les dessins préparatoires de Michel Hazanavicius, sont présentés à la Galerie Cinéma, 26 rue Saint-Claude 75003 Paris, jusqu’au 20 décembre.
Yasuhiro Ishimoto, un japonais à Chicago
Yasuhiro Ishimoto n’a jamais pu choisir. Japonais à Chicago, Américain à Tokyo, formé à l’esthétique du Bauhaus allemand, sa pratique photographique, aux sujets multiples, navigue entre Orient et Occident, entre formalisme et témoignage.
Il n’y a que peu de rapport entre ces “jambes”, photographiées de façon répétitive sur les plages de Chicago, ces portraits d’enfants dans les rues, ou ces feuilles fanées saisies en gros plan comme des tableaux abstraits.
Si, peut-être les contrastes profond, les noirs denses, les flous, les plongées et contre-plongées et ce cadrage souvent décadré.
Né à San Francisco en 1921, Ishimoto est élevé jusqu’à 17 ans au Japon. De retour aux États-Unis en 1939, il est interné dans le camp d’Amache comme d’autres Japonais. En 1948, il rejoint l’Institute of Design de Chicago où il s’initie aux principes novateurs du New Bauhaus.
En 1953, lorsqu’il retourne au Japon, il photographie la villa impériale Katsura à Kyoto, produisant des clichés extraordinaires, vides, géométriques, presque abstraits.
De retour à Chicago en 1958, il fait des rues, des habitants et des buildings de la ville son terrain de jeu. A partir de 1961, installé à Fujisawa, près de Tokyo, il parcourt l’Asie et le monde, évoluant vers des compositions plus abstraites et plus colorées.
L’exposition qui lui est consacrée au BAL - qui joue les prolongations jusqu’au 22 décembre - réunit 169 tirages, pour la plupart d’époque et réalisés par Ishimoto lui-même. Elle explore les premières décennies de son travail, d’une richesse et d’une variété impressionnantes.
Yasuhiro Ishimoto - Des lignes et des corps
LE BAL jusqu’au 22 décembre 2024
En plein coeur
C’est l’histoire d’une ouverture attendue, celle de la boulangerie-pâtisserie, chocolaterie, crèmerie, et coffee shop, du chef Maxime Frédéric, au cœur des Batignolles.
Et la queue qui ne faiblit pas est un bon indicateur du talent de ce pâtissier normand et discret, qui faisait déjà des merveilles au Georges V avant d’être propulsé sous les projecteurs au Cheval Blanc.
Nos coups de Plein Cœur ? L’Annécien, une espèce de gâteau de Savoie moelleux et vanillé, à la couverture croustillante. L’entremet noisette, follement addictif avec son praliné coulant. Le pain au chocolat, crousti-aérien à la garniture choco-praliné. Et le pain, chouchou de ce chef à la main boulangère : épeautre, seigle, complet et quelques options sans gluten.
Des crèmes façon yaourt, complètent la large proposition, il faut aimer la crème…
Petite déception pour la pâte à tartiner en version onctueuse, au goût un peu trop “caramel”.
Nous n’avons gouté ni le flanc, ni la quiche lorraine, ni les cacahuètes enrobées, ni la charlotte poire, mais reviendrons dès ce week-end pour choper les guimauves.
Ndlr. Ce n’est pas bon marché (9,50€ le gâteau individuel), mais accessible comparé aux tarifs d’autres pâtissiers de palace, comme ceux de Cédric Grolet, qui frôlent la stratosphère.
Plein Coeur
64 rue des Batignolles 75017 Paris
Fermé lundi et mardi
Moko nouveau
Mokonuts vient d’accoucher d’un troisième petit, Mokochaya.
Et tout est dit sur la description de leur compte Instagram :
⏰ Breakfast 8h30-11h30
🍱 Bento 12h00-14h30
🍵 Salon de thé 14h30-18h00
☕️ Brunch Saturday 11h00-15h30
Open Tuesday to Saturday
Avec sa déco blonde, bois bruts, murs et sols pas finis, très en vogue en ce moment, le lieu nous envoie direct à Brooklyn. Ou plutôt à Brooklyn version nipponne.
Les bentos sont jolis et tous frais, et si ce jour là le tofu était trop salé, le saumon confit était fondant. A accompagner d’une madeleine au miso ou du dessert du jour, pour nous un cheesecake pas plombant et délicat, suprêmes de pamplemousse.
Mokochaya
11, rue Saint Bernard 75011 Paris
Fermé dimanche et lundi
Un lecteur a souligné l’absence de restaurants testés rive gauche, et il est vrai que les ouvertures se concentrent souvent rive droite, dans les mêmes quartiers, au point de frôler l’overdose.
Il reste Oktobre, Flocon, Tadam (dont nous parlerons bientôt), Le Bon Saint Pourçain, Spécimen Burger, Guido,…