Jusqu’à il y a quelques heures, je ne savais plus où donner de la tête pour me lancer dans la rédaction de ce rendez-vous hebdomadaire.
Je voulais évidemment revenir sur la future “team Trump” : une équipe de winners, fidèles, conquérants, audacieux, déterminés, combatifs, couillus. (ironie)
Ou sur les propos de Barbara Slowik, la commissaire de police de Berlin qui conseille aux Juifs et aux homosexuels de ne pas s’aventurer dans certains quartiers à majorité arabe. Ajoutant aux dérives de l’identitarisme.
Évidemment, il y a l’intensification des combats entre la Russie et l’Ukraine, l’axe Iran, Chine, Corée du Nord, Russie qui se renforce, la menace nucléaire. Mais au fait, combien de morts cette guerre a-t-elle causé depuis deux ans et demi ? 480 000 Ukrainiens et 600 000 Russes, dont une “infanterie jetable”, employée par le commandement russe pour localiser les positions ukrainiennes et se faire dégommer.
Comment oublier le Soudan, dont quasiment personne ne parle, et encore moins les étudiants de Sciences Po ou de l’ENS, trop occupés à nouer leur keffieh. La plus grande catastrophe humanitaire, à laquelle Le Monde (eh oui) a consacré un reportage édifiant en huit épisodes, à lire absolument. Depuis le 15 avril 2023, on estime à 150 000 le nombre de civils tués, et à 11 millions celui des déplacés. 26 millions de Soudanais sont en situation de sous-nutrition aiguë. Les cas de harcèlement, de viols, de mariages forcés, d’enlèvements et d’esclavage se multiplient, faisant des dizaines de milliers de victimes.
Et puis ce matin, cette alerte du Point, concernant un dernier sondage Ipsos-Le Crif sur l’antisémitisme décomplexé. Où l’on apprend que 46% des français adhèrent à au moins 6 préjugés antisémites (55% chez LFI, 52% au RN), comme “les Juifs sont très soudés entre eux, ils sont plus attachés à Israël qu'à la France, ils disposent de puissants lobbies, ils sont plus riches que la moyenne des français…”.
Presque un quart des sondés pensant que les Juifs ne sont pas vraiment des Français et 17 % des moins de 35 ans estiment que ce serait une bonne chose que les Juifs quittent la France. Ca monte à 20% chez les Insoumis, qui sont d’ailleurs 25% à ressentir de la sympathie pour le Hamas.
Voilà. Moi, Française qui me réjouis de regarder les flocons français tomber dans le ciel français, entourée de mes enfants français, dégustant un café au lait (presque) français, et une tartine de pain français à la confiture française (et maison), je me mets à regarder la météo ailleurs.
La Normandie ça compte ?
Le resto de l’usine
Pas n’importe quelle usine et par n’importe quel resto.
Nous sommes dans le 11e, là où les bonnes adresses bobos-conceptuelles fleurissent : l’Orillon et ses petites assiettes créatives, la Bagarre et ses tacos de compet, Oobatz et ses pizzas démentes, ou Rori et ses slices façon Big Apple.
Dans l’ancienne usine Spring Court, célèbre pour sa basket blanche créée en 1936, s’est installé un joli café à l’ambiance très hygge (cosy, agréable). où officie la cheffe Alice Arnoux, formée chez Alexandre Couillon et René Redzepi et passée notamment par le Perchoir.
La déco, béton, poêle ancien, fleurs séchées et suspensions douces, répond parfaitement à la délicatesse des menus imaginés par Alice. Pas de description à rallonge, c’est simple et bien fait.
Ce samedi midi, un menu unique à 35€.
Tempura d’automne et carpaccio de betteraves, truite maturée au beurre blanc, tarte vergeoise et poire pochée.
La carte change chaque semaine, suivant les saison et les arrivages. Les poissons maturés sont à l’honneur, c’est la marque de fabrique de la cheffe.
Un petit moment de tranquillité gourmande, idéal pour oublier les sondages qui fâchent.
Le Café de l’Usine - Usine Spring Court 5 passage Piver Paris 11
Fermé dimanche, lundi, mardi
Midi 25€, soir 45€, samedi midi 35€
Une étoile et du caractère
Maxime Bouttier a pris son temps pour faire les choses bien, et surtout comme il les aime.
Et nous avons pris notre temps pour venir (re)découvrir sa cuisine, déjà plébiscitée alors qu’il officiait chez Mensae.
Parlons d’abord du lieu. Géosmine est devenu le terrain de jeu de Maxime, qui en a supervisé la restructuration et la décoration. Les tables en bois de wagon, les couverts étonnants, la verrerie, la céramique, tout a été soigneusement choisi. Au sol, une épaisse dévoile l’impressionnante cave, et partout, les matières naturelles - béton, brique, cuir - sont à l’honneur.
Maxime a été accompagné dans ce projet d’envergure, par des “anges”, des artisans, des producteurs et des viticulteurs, amoureux du terroir et du respect du vivant.
L’étoile, amplement méritée, récompense une apparente simplicité des assiettes, mais dont la complexité de la réalisation épate.
Le chef nous a tout dit, de la qualité des ingrédients bien-sûr, mais des techniques, du temps passés, des extractions, des macérations, des maturations, du travail des jus et des associations. Et lorsqu’on lui demande pourquoi le menu dégustation du soir propose 11 services, la réponse tombe, évidente : “un amuse-bouche, c’est rat, deux c’est pair, donc j’en mets trois. Trois entrées, une végétarienne, une froide, une chaude. Un plat de poisson, et forcément un de viande. Un abat, ma spécialité. Et enfin un pré-dessert, deux desserts et des mignardises”.
Ben oui, vu comme ça…
Impossible de détailler ce que nous avons dégusté. Sachez qu’il y avait, dans le désordre, de la Saint-Jacques de Dieppe (magnifique), du calamar, de la volaille, des girolles et des trompettes de la mort, du piment, de la figue et du chocolat.
La géosmine est un composé chimique qui donne cette odeur si particulière à la terre fraîchement mouillée ou labourée. Une saveur brute et organique qui représente bien ce chef aux engagements forts et à la personnalité entière.
Géosmine - 41 rue de la Folie Méricourt 75011 Paris
Menus carte blanche : au déjeuner 80€ (6 services) au diner 140€ (11 services)
“Nous ne nous tairons pas, et nous ne nous terrerons pas”
Ce samedi 23 novembre, plus de 400 organisations appellent à manifester contre les violences sexistes et sexuelles dont les femmes sont encore trop souvent les victimes.
L’année dernière, le collectif Nous Vivrons, qui combat toute les formes d’antisémitisme, souhaitait rappeler les viols subit par les femmes israéliennes lors de l’attaque terroristes du 7 octobre et le sort de celles prises en otage par le Hamas. Il avait été banni du défilé.
Le 8 mars, lors de la journée internationale du droit des femmes, le même collectif avait du être exfiltré, après avoir reçu des projectiles et essuyé des insultes.
Cette année, le rendez-vous est pris. Le collectif Nous Vivrons dénoncera à nouveau l’usage de ces violences dans les agressions à caractère antisémite, et la déshumanisations des femmes juives, réduites à leur seule judaïté, et victimes de raccourcis simplistes.