Des débats de vacances, les artistes et l'IA, et quelques notes gourmandes
- Ça va ? Ça s’est bien passé, les vacances ?
- Écoute, oui, très sympa. Un petit tour en Normandie.
On a mangé, cuisiné, avalé des pralinés et des gâteaux sans farine.
On a débattu, beaucoup, avec vivacité.
Tout y est passé : Trump et la dérive américaine, la France au temps des extrêmes, la radicalisation du gouvernement israélien, la violence des réseaux sociaux, la violence tout court, le drapeau palestinien, les lectures variées de l’Histoire, les youtubeurs, nouveaux visages de l’engagement politique, la souffrance animale, Top Chef et White Lotus.
Les avis sont tranchés, souvent opposés. Les spécificités générationnelles incontestables.
Dans ce mélange de respect et d’incompréhension, on s’agite, on s’exaspère, on s’irrite, on rigole, on cherche à convaincre, sans grande illusion.
Bien ancrés dans nos biais de confirmation - cette tendance naturelle qui consiste à privilégier les informations, et les informateurs, qui confortent nos convictions - le discours contradictoire rassemble tous les arguments que l’on cherche à combattre.
Et pourtant, « penser à la place d’autrui », sans l’obliger à changer, permet de mieux le convaincre, puisqu’on l’a compris.
Notre époque est celle de tous les excès, de toutes les insultes, de tous les outrages. Revenir au débat, même ombrageux, bruyant - certainement vain - redonne du sens aux rapports humains.
Le verbe débattre paraît en 1050 dans notre langue. Il vient du latin battuere, “donner des coups”, et comporte donc, à l’origine, une dimension belliqueuse. Mais très vite, le débat désigne la délibération dans un procès, et en 1580, il acquiert aussi le sens de dilemme, de débat intérieur. C’est en 1704 qu’apparaît le fameux “débat parlementaire” qui prendra tout son sens après la Révolution.
Le débat s’arbitre, s’apaise, se muscle, se soulève. Rationnel et construit, il est en tous points opposé à la radicalisation des positions qui ne cherche qu’à susciter l’attention, et constitue la racine de l’extrémisme.
La plus belle maxime revient à Joseph Joubert, moraliste et essayiste du 18e siècle, secrétaire de Diderot : “Il vaut mieux débattre d’une question sans la régler, que la régler sans en avoir débattu.”
Ce n’est pas une exposition d’œuvres créées par l’IA, mais des œuvres d’artistes interrogeant l’influence et l’omniprésence de l’intelligence artificielle dans nos vies. Une réflexion donc, plus qu’une utilisation simple.
C’est la véracité de l’IA qui est questionnée, son infaillibilité, sa capacité à ressentir des émotions, son influence sur nos certitudes, sa gourmandise énergétique, les enjeux écologiques qu’elle soulève, son pouvoir de créativité infini, son impressionnante évolution, ses aptitudes d’apprentissage…
Le parcours est thématique, structuré autour de deux formes d’IA.
L’IA analytique, qui consiste à générer de la donnée structurée à partir d’un grand volume d’informations, dans le but de classifier et catégoriser objets et concepts. Elle offre une approche symbolique de l’IA, cherchant à modéliser le raisonnement humain par l’usage de symboles et de règles logiques.
L’IA générative, conçue pour créer, improviser, itérer, et produisant textes, images ou sons. Une intelligence “connexionniste”, axée sur les prévisions statistiques et le traitement visuel.
Tour à tour, les artistes dénoncent, s’inquiètent, ou plébiscitent cette révolution déjà actée et qu’il faudra apprivoiser. Il comblent les trous de l’histoire, interrogent les biais de l’IA, s’en moquent parfois.
Tout au long de l’exposition, des vitrines temporelles, sortes de cabinets de curiosité, offrent un contrepoint historique aux œuvres contemporaines.
On apprend entre autre ce qu’est un espace latent : une représentation mathématique de données, dans laquelle les éléments similaires sont regroupés. Une sorte d’espace immatériel où les objets sont “rangés” selon des dizaines de milliers de caractéristiques.
On découvre aussi les GAN, Generative Adversarial Network, une technique de machine learning par laquelle un “générateur” et un “discriminateur” s’affrontent autour de la question de l’authenticité. Processus d’entrainement qui permet à l’IA de progresser.
Une plongée passionnante dans ce que l’IA inspire aux artistes.
Le Monde selon l’IA
Jeu de Paume jusqu’au 21 septembre 2025
Sandwichs croustillants, omelette baveuse, tartes salées, madeleine parfaite et bon café, …dans la famille Constant, demandez le fils !
Dans le monde surchargé des coffee shops, voici la maison de café à la française - ou presque puisqu’on y trouve quand même l’inévitable matcha et le cookie. Pour le reste, c’est tarte aux pommes et jambon-beurre-cornichons,, et ça fait du bien.
Constant - 3 rue Augereau Paris 07
Retour gagnant chez Paulownia, que nous avions déjà longuement plébiscité.
C’est toujours aussi délicieux, avec de nouvelles entrées de saison et de compétition : asperges blanches meunières, araignée de mer adoucie au miel, fraises et petits pois, et des langoustines crues du Guilvinec, associées au corail d’oursin petit violet, crème crue, jeune ciboulette, merveille absolue.
Ris de veau en terre-mer magnifique et turbot parfait.
Pour finir, un sablé breton minute, fraises fraiches (et bonnes), et un sorbet fraise turbiné à l’instant.
Du grand art.
Entrées 18-23€ et plats 37-55€, à produits d’exception, prix relevés et mérités.
Paulownia - 15 rue des Vignoles Paris 20
La tradition juive tunisienne veut que l’on termine Pâques en avalant un sandwich tunisien, thon, citron confit, harissa. Pour une version traditionnelle et bien imbibée, il y a toujours Bob de Tunis, le dernier des Goulettois du 9e.
Et pour une version plus fraiche, plus souriante et moins dégoulinante, il y a Torkia, le bar à fricassés de la rue Blanche, où la jolie Torkia - reine des réseaux - fait découvrir la cuisine tunisienne, le gras superflu en moins. Pain, harissa et recettes maison.
Torkia - 79 rue Blanche Paris 09