Enfin...

Une reconnaissance, de la braise et des corps.

It Paris
3 min ⋅ 11/12/2025

Deux ans après les massacres du 7 octobre, Amnesty International reconnaît enfin les “crimes de guerre et les crimes contre l’humanité” perpétrés par le Hamas.
Après avoir écouté 70 témoins et étudié plus de 350 photos et vidéos, l’ONG conclut, bien trop tard, que le Hamas, et d'autres groupes armés palestiniens, “se sont rendus responsables de meurtres, d'extermination, d'emprisonnement, de disparitions forcées, d'enlèvements, de torture et de viols ou toute autre forme de violences sexuelles…”.
Le rapport admet aussi que l’attaque du 7 octobre “ciblait délibérément les populations civiles” et que “des centaines d'autres personnes, en vêtements civils, se sont également jointes aux attaques”.
Amnesty évoque enfin le “traitement réservé aux personnes enlevées et détenues dans la bande de Gaza occupée”. Oui occupée, mais pas par Israël.

On pourrait se réjouir (le mot est malvenu) de voir enfin reconnu un massacre si souvent minimisé, voire nié. Reste à comprendre pourquoi une institution internationale, dite humanitaire, a mis autant de temps à affirmer et documenter la violence d’une attaque à caractère exterminateur.
En décidant de ne pas qualifier le pogrom du 7 octobre d’acte d’extermination ou de génocide, tout en réaffirmant le caractère génocidaire de la guerre à Gaza, Amnesty, malgré des conclusions implacables et glaçantes, met une hiérarchie dans l’horreur.
Pourtant, même en condamnant les bombardements, même en souhaitant un changement de gouvernement, même en fustigeant les dérives nationalistes et religieuses, c’est bien le 7 octobre qu’il y a eu volonté d’exterminer, de liquider et de terroriser.

Il est aussi regrettable qu’en arrivant si tard, ce rapport ne soit pas entendu à la hauteur de ce qu’il confirme.
Il ne convaincra sans doute ni les Aymeric, trop occupés à consolider leur base électorale, ni les Francesca, aveuglées par un antisémitisme à peine voilé.
Espérons qu’il apportera un peu d’apaisement à ceux qui ont été touchés dans leur chair et dans leur vie.
La cause palestinienne doit être défendue, mais certainement pas celle du Hamas.
Enfin…



Et de deux pour Esu

Après avoir régalé la rue de la Roquette de ses succulentes noodles, le chef coréen Esu Lee monte d’un cran et fait chauffer les braises rue du Dragon, la bien nommée.
Dans le très chic 6e, il propose désormais chez Orson un menu gastronomique avec en fil conducteur, la flamme, et le fumet qui va avec. 
C’est maîtrisé, étonnant, audacieux. Et copieux.
Je suis bien incapable de vous dresser la liste exhaustive de ce que nous avons dégusté : flan d’oursins, maigre sauce à l’encre, sardines, poireaux brûlés, foie de lotte, incroyable bœuf wagyu, salsifis, chou, brocolis… le tout accompagné de condiments acidulés, pimentés, corsés.
Bravo à Rose, la cheffe pâtissière, pour ce moment d’acidité réjouissant avec le pré-dessert aux herbes. 
Jonathan et David, déjà derrière Double et JIP, poursuivent leur grand bonhomme de chemin, laissant la part belle à leurs chef.fes et à une gastronomie impertinente et créative.
Esu, tout heureux, nous fait visiter son incroyable cuisine d’inox, d’eau et de feu.
Il manque encore à cet Orson un peu de “bouteille”, un soupçon de “patine”, pour atteindre sa vitesse de croisière.
On n’a absolument aucune doute.

Orson
5 rue du Dragon 75006 Paris
Fermé dimanche et lundi. Menu unique en 5 services + à-côtés : 86€


Fury

Ce ne sont pas forcément les grandes expositions qui sont les plus marquantes.
Il suffit parfois d’une salle, d’un accrochage, d’une intention pour nous émouvoir ou nous bousculer.
C’est le cas avec l’exposition Fury de la photographe Marie Quéau au BAL.
Lauréate du prix LE BAL / ADAGP en 2023, Marie travaille sur cette exposition depuis deux ans.
Deux ans à étudier le corps : le corps en tension, en lévitation, le corps bousculé, maltraité.
Dans cette quête, elle croise des cascadeurs, des adeptes de la transe, de l’apnée ou des fury rooms, sortes de pièces exutoires où l’on peut tout casser.
Il n’est pas question de violence, mais plutôt d’inquiétude. Et de limites.
La mis en scène, singulière, nous plonge dans un moment suspendu entre crainte et quiétude, entre maîtrise et lâcher-prise.
Marie Quéau documente les limites acceptables de nos corps. La peur, le danger, l’adrénaline, mais aussi l’apaisement et le recueillement.
Une salle suffit.

Marie Quéau - Fury
LE BAL jusqu’au 8 février 2026



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Par Karine Salomon

- Bonjour, c'est pour un bilan de compétences.
- Parfait. Dîtes m'en un peu plus sur vous.
- J'aime manger, beaucoup. Et j'aime le bon vin.
- Très bien. Et ?
- J'aime beaucoup aller voir des expos et je m'y connais un peu.
- Ah c'est pas mal ça.
- On me dit que j'écris bien et que j'ai pas mal d'humour.
- Bon, ça peut servir.
- J'aime raconter, expliquer, vulgariser, faire saliver. Et rebondir sur l'actualité.
- Très bien. Alors, si je résume, vous êtes une rédactrice, gourmande, férue d'art, avec un talent certain pour le récit et les bons mots. Vous devriez écrire une newsletter.