Courage fuyons !

Du courage, Bob Marley, de l'ouzo, de la panna cotta, un voyage immobile.

It Paris
4 min ⋅ 07/02/2025

Ce matin, alors que j’écoutais en différé l’interview de Roberto Saviano sur France Inter - où il évoquait son dernier livre Giovanni Falcone - une phrase m’a frappée : “On pense qu’à la naissance, on est courageux ou moins courageux, mais en réalité le courage, c’est un choix”.

Et je me suis demandé qui avait choisi d’être courageux ces derniers temps ? Ou plutôt, qui, à mes yeux, incarnaient ce choix ? Car voilà encore une notion toute subjective.
Roberto Saviano, évidemment. Lui qui, à 26 ans à peine, a décidé de s’attaquer à la mafia, au sens littéraire du terme.
Yarden Bibas, qui tient encore debout malgré l’insupportable.
Les femmes invisibilisées qui chantent, s’éduquent en cachette, s’exhibent en sous-vêtements. Celles qui, après avoir un temps espéré, vivent aujourd’hui sous surveillance islamiste à Damas.
Les socialistes, dans une bien moindre mesure, qui - pour une fois - ont fait preuve d’un soupçon de responsabilité en osant s’émanciper du despotisme délirant d’un Mélenchon qui, lui, confond indécence et bravoure. Et qui, lâchement, embobine un électorat en mal d’anarchie et d’affrontement, à l’antisémitisme 2.0.
De nombreux intellectuel(le)s, humoristes, femmes et hommes de lettres et de droit, qui s’affichent contre les censures et les dogmes.
Ginette Kolinka, qui se tape une coupe de champagne pour fêter ses 100 ans.

Et puis, courageux sont ceux qui s’affranchissent des réseaux sociaux pour se forger une opinion construite, et qui ne se laissent pas monter le bourrichon par des déclarations fantasques et provocantes, d’où qu’elles viennent.

Le courage n’est pas une posture. Il ne se résume pas à un tweet bien tourné ni à une indignation de circonstance. Qu’il soit discret ou flamboyant, le courage, c’est choisir d’agir quand tout pousse à l’inaction et à la peur. C’est préférer l’engagement à l’abandon. L’offensive à la résignation.

Et si vous voulez une belle et grande leçon de courage, replongez-vous dans l’instructive et remarquable Affaire Dreyfus, racontée en dix heures par Philippe Collin : Alfred Dreyfus, le combat de la République.
Allez, courage !



Pour l’amour de Bob

Géniale exposition du photographe britannique Dennis Morris, de ces débuts au sein de la communauté afro-caribéenne de Hackney - quartier pauvre du nord de Londres aujourd’hui royaume des foodies bobos - jusqu’aux Sex Pistols, en passant évidemment par Bob Marley, dont il sera le compagnon de route et le portraitiste pendant près de dix ans.

Né en Jamaïque en 1960, Morris émigre en Angleterre à l’âge de quatre ans. Peu accro aux bancs de l’école, il se met très jeune à la photographie et installe chez lui un studio photo rudimentaire, drap blanc en guise de fond.
Ses premiers clichés, très personnels, relatent le quotidien difficile des communautés noires et indiennes dans une Londres cosmopolite, mais cloisonnée.
Déjà fasciné par la scène musicale underground de son quartier, il rencontre Bob Marley en 1973, lors d’une école buissonnière inspirée. Il ne quittera plus le maître du reggae jusqu’à sa mort en 1981.
Il plongera ensuite dans l’univers punk, se liant d’amitié avec John Lydon, alias Johnny Rotten, le chanteur des Sex Pistols, puis du groupe PiL, dont il réalisera plusieurs pochettes d’album.
Une exposition vibrante et colorée, en noir & blanc, qui donne envie d’aller remettre le body. Et de (re)partir à Londres.

Dennis Morris - Music + Life
Maison Européenne de la Photographie
Jusqu’au 18 mai 2025


Succès assuré

Parmi les nombreuses ouvertures de restaurants et de commerces de bouche à Paris, certaines nous touchent plus que d’autres. Par la qualité de leurs produits et par l’amitié de ceux qui les font vivre.
C’était le cas la semaine dernière avec Plaq, c’est aussi le cas cette semaine avec Plaka qui ouvre sa deuxième boutique traiteur-épicerie-street food, rue des Martyrs, dans un quartier où l’on prend un kilo tous les 500 mètres.
Particularité de ce nouveau comptoir grec ? En plus des légumes farcis, de la moussaka, du tarama, des melitzanosalata et autres kolokythokeftedes, des feuilletés tyropita, spanakopita,… un pain fait maison, sorte de focaccia grecque, légèrement sucrée, moelleuse, avec lequel Dimitri et son équipe réalisent des sandwichs qui coulent sur les chaussures.

Plaka - 19 rue des Martyrs Paris 09
Ouvert tous les jours 11-14h30 et 17-21h / en continue le we


Talent confirmé

C’est vrai que le décor ne pousse pas forcément à passer le seuil… Encore que. Tout en carrelage blanc et tabourets noirs, il avait été imaginé pour le projet Jeune Rue par Paola Navone, et on pourrait y voir un clin d’oeil au kitch décalé des années 80.
Mais à force d’entendre “Tu n’as pas essayé ANNA ?”, “Tu as été chez ANNA ? C’est super bon”, j’ai mis mon body échancré et mon gloss bonbon pour aller découvrir les spécialités italiennes des chefs Giuseppe Craparotta (ex-Armani Caffè) et Alessandro Allegri (parti conquérir Marseille).
Carciofi alla giudia ultra croustillants, zuppa etrusca (tomates, haricots, blettes, pommes de terre), mille-feuille de raddichio cuit et parmesan, puis des pâtes al ragu maison, sans sauce tomate mais avec du foie de volaille,… on a vite oublié le carrelage.
Impossible d’aller jusqu’à la panna cotta della nonna, faite à l’ancienne sans gélifiant, mais de toute façon le come-back est déjà prévu. Pour goûter le poulpe et les pâtes au thon, câpres et citron.
Et surtout continuer la discussion avec Eliana Campo, la sommelière, à l’accent chantant de Sicile.

ANNA - 13 rue du Vertbois Paris 03
Ouvert le soir sauf dimanche et lundi


Coup de projo

Sur un nouveau semestriel, à mi-chemin entre le livre et la revue.
Passager adopte une approche originale et poétique du voyage, mêlant littératures, arts visuels et récits personnels. Elle s’intéresse aux vraies balades et aux évasions imaginaires, à travers des formats variés : entretiens, portfolios, poèmes, reportages…
De belles personnalités pour ce premier numéro : Natacha Wolinski, Sophie Fontanel, Rose Schlossberg, Jean-Claude Ellena, Sébastien Bras, François Simon,…
Disponible dans toutes les bonnes librairies.

Passager est dirigée par Aude Revier, ancienne rédactrice d’Air France Magazine. Elle est diffusée par Actes Sud et distribuée par Flammarion - UD.



It Paris

Par Karine Salomon

- Bonjour, c'est pour un bilan de compétences.
- Parfait. Dîtes m'en un peu plus sur vous.
- J'aime manger, beaucoup. Et j'aime le bon vin.
- Très bien. Et ?
- J'aime beaucoup aller voir des expos et je m'y connais un peu.
- Ah c'est pas mal ça.
- On me dit que j'écris bien et que j'ai pas mal d'humour.
- Bon, ça peut servir.
- J'aime raconter, expliquer, vulgariser, faire saliver. Et rebondir sur l'actualité.
- Très bien. Alors, si je résume, vous êtes une rédactrice, gourmande, férue d'art, avec un talent certain pour le récit et les bons mots. Vous devriez écrire une newsletter.