Mais, voici mai

Mais, mai, muguet, poésie, pizza

It Paris
3 min ⋅ 01/05/2025



Mais qu’est ce que c’est que cette époque de m…. où l’on enferme les gens dans des cases : bien blanches, bien noires, bien métissées, bien genrées, bien pour, bien contre.
Être juif et manifester sa tristesse devant les 40 coups de couteau par lesquels Aboubakar a été atrocement assassiné… sacrilège.
Être musulman et réclamer la libération des 59 otages encore retenus à Gaza… blasphème.
Être de gauche, mais dénoncer les machinations électoralistes dégueulasses de LFI… mutinerie.
Être féministe et rappeler le combat des femmes martyrisées et réduites au silence par les islamistes…outrage.
Être profondément républicain(e) et défendre une idée stricte de la laïcité… profanation.
Condamner avec autant de force l’extrême gauche et l’extrême droite… hérésie.
Que tout cela est fatiguant.
Qu’il serait bon de partager les joies et d’admettre les peines sans hiérarchiser les souffrances.
Allez, bonne fête du travail - non travaillée pour les boulangers, mais pas pour les rédactrices -, bon muguet*, et bonne discussion sur les températures au-dessus des normales de saison, le retour des glaces, la souffrance animale, le prix des fraises, des sujets sur lesquels il n’est question ni de couleur, ni d’origine, ni de religion, ni de sexe, ni d’orientation politique - quoique…


Dès l’Antiquité, les Romains célèbrent la floraison du muguet entre la fin avril et le début mai, marquant ainsi l’arrivée des beaux jours.
Cette petite fleur en forme de cloche, qu’Apollon aurait créée pour offrir à ses neuf nymphes un tapis doux et parfumé sur lequel marcher pieds nus - voilà un prétendant sérieux -, devient, à la Renaissance, le bouquet galant par excellence.
En 1886 à Chicago, puis en 1889 en France, le 1er mai devient un journée de revendication ouvrière ; on porte alors une églantine rouge à la boutonnière. Ce n’est qu’en 1941, que Pétain remplace l’églantine, jugée trop à gauche, par le muguet blanc et instaure la « Fête du Travail et de la concorde sociale ». La mesure sera conservée après la guerre, en 1947, par le gouvernement de la Libération.


Edi et le loup

C’est un musée un peu méconnu, et qui regorge pourtant de trésors.
Le musée de la Chasse et de la Nature pousse le détail jusqu’aux rambardes, toutes d’écailles de bronze vêtues. On y trouve certes des fusils et des tapisseries illustrant d’épiques scènes de chasse, mais c’est surtout un immense cabinet de curiosités, foisonnant et exubérant, qui joue avec brio le mélange des genres.
Musée privé, fondé en 1967 par François et Jacqueline Sommer, il est rempli de plumes de chouettes et de terrines à tête de cochon, de céramique puppy (Jeff Koons), d’orfèvrerie, de trophées, de meubles à cornes, de photographies contemporaines (Karen Knorr, Eric Poitevin), de sclupture (Eva Jospin)…
Un joyeux mélange de classiques et de contemporains, de kitsch et de classe, pour illustrer les rapports de lʼhomme et de lʼanimal au cours de lʼhistoire.

Les expositions temporaires contemporaines donnent un éclairage particulier aux collections permanentes - et c’est tout particulièrement le cas pour celle d’Edi Dubien, poétique et personnelle, qui rencontre un vrai succès et se prolonge donc jusqu’au 17 août.

Dessins, sculptures et installations, les œuvres d’Edi occupent la salle du rez-de chaussée et sont disséminées astucieusement dans les autres pièces. Elles explorent le thème de l’enfance, de l’identité et de la relation quasi mystique, et thérapeutique, que l’artiste entretient avec la nature.

Né Dominique, dans un corps qui ne lui appartient pas, maltraité et humilié par son père, artiste autodidacte, il n’a été repéré que tardivement et a quelques temps vécu de petits boulots et de mauvais regards.
Son panneau de dessins mélancoliques et poétiques, avait fait sensation à la galerie Alain Gutharc lors d’une précédente édition d’Art Basel Paris.
Très discret sur sa transition - elle n’est en rien emblématique de son travail - Edi Dubien interprète avec une sensibilité emprunte d’une certaine violence, la nécessité vitale de l’ouverture à soi, aux autres et à la nature. Enfin en paix, avec cette famille à poils et à plumes, ses oeuvres traduisent avec douceur un parcours de résilience et de renaissance.

S’éclairer sans fin
Edi Dubien au Musée de la Chasse et de la Nature
Une exposition à faire absolument avec les enfants
Prolongation jusqu’au 17 août 2025


Pizzas de compétition

Marthe Brejon officie chez Centre culturel bld de la Villette (19e). Et quand je dis qu’elle officie, c’est plutôt qu’elle pizzaïole avec virtuosité et engagement.
Ses pizzas, ni napolitaines, ni romaines, ni slices, sont tout simplement fabuleuses. Le blend de cinq farines (complète, dure, double 0 et que sais-je encore) qu’elle a consciencieusement élaboré, associé au levain et à la lente fermentation de sa pâte, donnent des pizzas crispy-moelleuses uniques.
La base de sa sauce tomate est simple : tomates pelées du Cilento (région du sud de l’Italie coincée entre la mer Tyrrhénienne et les Apennins lucaniens), origan sauvage, sel et très bonne huile d’olive. Pour le reste, fior di latte, taleggio, N’duja, scamorza, ricotta fumée se partagent le podium fumant.

Le roi du marketing boulanger et du pain digeste, Pane Vivo, vient d’ouvrir une toute nouvelle pizzeria, élaborée avec son célèbre levain, vieux de 137 ans - ce qui ne change pas grand chose à sa qualité, mais reste un gage de sérieux et de bon goût.
Nous ne manquerons pas de vous dire ce que nous avons pensé de cette nouvelle roue napolitaine.


Dans le 21e arrondissement de Paris, ça bouge aussi niveau pizza avec Napoletano Morny, ouvert par Léo et Pierre, les deux joyeux lurons derrière le Bouillon - Morny lui aussi .
Idéalement placé, joliment décoré, sympathiquement ambiancé et parfaitement réalisées, ce nouveau repaire italien réconcilie Deauville avec la bonne pizza. Il était temps…




It Paris

Par Karine Salomon

- Bonjour, c'est pour un bilan de compétences.
- Parfait. Dîtes m'en un peu plus sur vous.
- J'aime manger, beaucoup. Et j'aime le bon vin.
- Très bien. Et ?
- J'aime beaucoup aller voir des expos et je m'y connais un peu.
- Ah c'est pas mal ça.
- On me dit que j'écris bien et que j'ai pas mal d'humour.
- Bon, ça peut servir.
- J'aime raconter, expliquer, vulgariser, faire saliver. Et rebondir sur l'actualité.
- Très bien. Alors, si je résume, vous êtes une rédactrice, gourmande, férue d'art, avec un talent certain pour le récit et les bons mots. Vous devriez écrire une newsletter.