Des textes prémonitoires, une photographe humaniste, et le huitième.
Tout est parti de la Marche des Fiertés, qui aura lieu à Paris samedi, et dont l’affiche, comme les discours et les revendications, sont devenus des modèles de radicalisation et d’autoritarisme.
A l’instar de certains courants féministes, il ne s’agit plus d’inclure, mais bel et bien de bannir celles et ceux qui n’adhèrent pas aux préceptes de ce nouveau progressisme occidental, qui a fait de la diabolisation d’Israël son fond de commerce.
Et, dans une redondance nauséabonde, cet antisémitisme de gauche se défausse en invoquant l’antisionisme.
De 1967 à 1978, avant de mettre fin à ses jours, Jean Améry - penseur et survivant d’Auschwitz - publie dix plaidoyers contre l'antisémitisme de gauche, apparu dès la création de l'État d'Israël en 1948.
Né en 1912 à Vienne, sous le nom de Hans Mayer, élevé dans la religion catholique, ce n’est qu’au moment de sa déportation qu’il est brutalement “renvoyé” à son judaïsme.
Lui, le penseur de gauche, revendique un attachement existentiel à Israël - sans renoncer à en critiquer les choix politiques. Il prédit alors : “Ce sera l’antisionisme de gauche qui se chargera de remettre les Juifs à leur ancienne place, qui leur intimera de ne pas marcher la tête trop haute, de ne pas oublier leur culpabilité et honte ontologiques”.
Déjà, il s’alarme devant cet antisionisme moralisateur, qui n’est selon lui qu’un indéracinable antisémitisme, et déplore “l’impossible condition du Juif de gauche”, aujourd’hui plus que jamais poussé vers une droite extrême dont il salue, naïvement, l’évolution.
Il n’est donc pas si neuf de se dire aujourd’hui “antisioniste” sous prétexte de combattre les inégalités, l’oppression, ou l’impérialisme - en ciblant Israël comme un État à part, intrinsèquement coupable.
Mais refuser de considérer Israël, comme un État “normal” - critiquable, certes, mais aussi vulnérable aux agressions et aux volontés d’anéantissement - revient à désigner comme unique exception ce qui constitue son essence : son caractère juif.
En tout cas samedi, nous serons là.
Pour soutenir les minorités des minorités.
Citoyen·nes, laïques, apolitiques, juif·ves, musulman·es, chrétien·nes, whatsoever… pourvu qu’elles soient douces.
Le nouvel antisémitisme, Jean Améry
Les Belles Lettres, 2025
D’abord membre de l’agence Gamma, créée par Raymond Depardon, la photojournaliste Marie-Laure de Decker, mènera sa carrière de façon indépendante et très engagée, offrant aux meurtris et aux persécutés un éclairage salutaire.
Pionnière dans l’histoire des femmes photographes correspondantes de guerre, elle couvre, dès les années 1970, la guerre du Vietnam, l’apartheid en Afrique du Sud ou la dictature chilienne. Mais c’est sans doute au Tchad, où elle s’installera lors de la guerre civile menée par le Frolinat, qu’elle prendra ses portraits les plus emblématiques.
Avec la volonté de ne pas montrer d’images guerrières ou violentes, elle choisit de représenter celles et ceux qui survivent à ses côtés : les enfants, les mères, les prostituées, les rebelles exaltés, et les soldats malgré eux. Hantée par l’exploitation d’humains par d’autres, ses clichés seront de tous les combats, d’URSS à Soweto, du Yémen au Portugal, d’Irlande aux usines Renault, en passant par les trottoirs de Saint Germain en mai 68.
La guerre par le trou de l’humanité.
Dans le Studio, ne pas manquer les incroyables photos texturées, et faussement en relief, d’Ilanit Illouz qui cristallise ses clichés, réalisés aux abords de l’Etna, à l’aide de cendres et de sel rapportés de ses précédents voyages.
Maison Européenne de la Photographie
jusqu’au 24 août 2025
Ce grand restaurant élégant, ne coche aucune des cases qui font la spécificité de nos adresses à tendance “cuisine d’auteur de l’est parisien”, et pourtant nous y avons passé une agréable soirée, à la fraiche, sur une belle terrasse verdoyante, à l’abri de l’agitation.
Laïa Monceau, dernier né du groupe Fuga, fait dans la cuisine transalpine revisitée.
Raviolis, fregola sarda, gnocchis, vitello, burrata, arrancini, cannoli, milanaise, polenta, agneau, tout y est.
Et franchement ça passe pas mal, avec un verre de Rioja.
Dommage, les desserts, un peu en dessous, se la jouent huitième.
Y retournerais-je ? Peut-être, pour déjeuner.
Dans le 8e, il y a évidemment Super Huit qui tire le prix spécial du jury.
Nous y sommes retournés avec toujours le même plaisir. La salade de tomates est toujours aussi délicieusement fraiche, et les panisses (frites de pois chiche) toujours aussi moelleuses.
Mention spéciale pour ce plat de pâtes alla norma : des paccheri ou grosses rigatoni, dressées debout, et remplies à ras bord d’une sauce aubergines, tomates et ricotta.
La pèche est évidemment de petits bateaux - le thon blanc, juste saisi, s’accommodait parfaitement aux pommes de terre grenaille, petits pois, radis, fenouil et salicornes.
Y retournerais-je ? Oui, encore.
Laïa Monceau - rue de Monceau 75008 - ouvert tlj - carte 50€
Super Huit - 95 rue de Miromesnil 75008 - fermé samedi et dimanche - carte 55-60€
Communication rémunérée
- Bientôt les vacances ! Vous partez où finalement ?
- Figure-toi que cette année, on part juste de l’autre côté de la frontière, dans la région de Neuchâtel, en Suisse romande. Ça a l’air absolument magnifique ! Lacs, montagnes, sites naturels splendides... Il y a de très nombreux circuits de randonnée, des parcours VTT, des ateliers créatifs, des musées. Et le centre historique de Neuchâtel est vraiment intéressant.
- C’est une super idée ! Pourquoi avoir choisi la Suisse ?
- On cherchait une destination « nature, culture, gastronomie », à la fois originale et rafraîchissante. Et puis, ils ont une offre absolument imbattable : une carte de tourisme qui donne accès gratuitement à une quarantaine d'activités et aux transports publics dans tout le canton. C’est la Neuchâtel Tourist Card (NTC).
Il suffit de justifier d’une nuit d’hébergement et tu reçois une carte par visiteur, trois jours avant ton arrivée, par e-mail. Elle est dématérialisée, disponible dans une appli dédiée, super simple à activer et à utiliser. Avec les enfants, c’est top ! On va faire une croisière, prendre le télésiège pour aller se balader... Il y a toutes sortes de musées très accessibles, sur l’histoire ou l’artisanat local. Tu savais que l’absinthe venait de la région de Neuchâtel ?
- Mais ça ne marche que pour les familles ?
- Pas du tout ! C’est pour tout le monde, à partir du moment où tu passes une nuit dans un hôtel, une maison d’hôtes, une location, ou même un camping de la région… Penses-y, la culture viticole est très réputée…
La Neuchatel Tourist Card, c’est l’accès gratuit à…
- 31 musées dans toute la région : histoire, horlogerie, archéologie, beaux-arts ou encore absinthe.
- Deux croisières : sur le lac de Neuchâtel et sur le Lac des Brenets pour admirer le Saut du Doubs.
- Une montée panoramique de 700m par le télésiège Buttes-La Robella.
- Et tous les transports publics : bus, funiculaire, location de vélos…