In hair we trust

Où il est question de cheveux, d'entrisme et de canard

It Paris
3 min ⋅ 22/05/2025

Cet édito a été rédigé avant le terrible attentat qui a coûté la vie à deux employés de l’ambassade israélienne devant le musée juif de Washington. Justifier cet assassinat par la situation épouvantable et condamnable à Gaza est absurde et dangereux. Les communautés religieuses, ethniques, raciales ou sexuelles ne sont pas coupables des racismes et des discriminations dont elles font l’objet. Les femmes ne sont jamais blâmables des violences sexistes perpétrées à leur encontre. La victime n’est pas responsable, c’est le bourreau.

Je n’avais pas vu le film Les Graines du Figuier Sauvage, et c’est avec une profonde émotion que je me suis souvenue de ces jeunes femmes iraniennes qui, suite à la mort de Mahsa Amini, ont brûlé leur voiles, hurlé leur désir de liberté, montré leur corps et bravé les gardiens de la Révolution, au mépris de la peur et des dangers.
C’est le 8 mars 1979 qu’a eu lieu la première manifestation féminine en Iran contre le pouvoir des mollahs et leur tout nouveau décret rendant obligatoire le port du voile. La protestation a duré jusqu’à ce que les battes de baseball l’aient fait taire.
Cette résistance, effacée de la mémoire officielle iranienne pendant 40 ans, s’est réveillée avec le magnifique mouvement Femme, Vie, Liberté de 2022, étouffé par une répression sanglante. Aujourd’hui encore, une femme iranienne serait tuée tous les deux jours pour “crime d’honneur”, par un mari, un père, un frère - victime non justifiable de l’oppression religieuse.

Pendant ce temps, la polémique gronde en France au sujet du rapport publié sur l’influence grandissante des Frères musulmans - mouvement radical créé en 1928 dans la banlieue du Caire, et dont l’objectif affiché est de conquérir l’Occident en y établissant la charia - dans certains établissements scolaires, au sein des universités et des associations sportives et culturelles.
Certains minimisent l’importance de l’idéologie frériste et se réjouissent qu’il n’y ait “que” 21 écoles concernées, 139 lieux de culte et 91 000 fidèles.
D’autres mettent en garde contre des "amalgames dangereux".
A mon petit niveau - celui de la nana idéaliste qui vient de regarder un film tragique - on ne peut jamais se réjouir de la progression d’une idéologie, qu’elle qu’en soit l’origine, qui prône la loi religieuse sur celle de la République. Et on ne doit pas se rassurer en prétextant que cela ne concerne qu’une minorité de personnes, car c’est déjà beaucoup trop.
Il faut à la fois interdire et séduire : en prenant toutes les mesures pour condamner les complaisances avec les mouvements islamistes radicaux, même - et surtout - si elles proviennent d’élus ; et en offrant aux Français musulmans respect, espoir et opportunités, afin qu’ils ne soient pas tenté par l’entrisme et l’obsession de Dieu.
Pas gagné pour 2027…


C’est le meilleur canard laqué de Paris ?

Le décor est moderne, dans le goût du jour et du quartier, et si ce n’était pas pour les lustres ravissants en forme de pagodes traditionnelles, nous pourrions être dans n’importe quel restaurant branchouille de la rue Saint-Maur dans le 11e arrondissement.
Mais voilà, dans la cuisine ouverte s’affaire une batterie de chefs sous la houlette de Samuel Lee (Sen en chinois), natif de Hong Kong et ancien du Shangri-La.
Il faut commander au minimum 48 heures à l’avance le fameux canard, cuit en trois façons : déshydraté, parfumé d'épices, puis arrosé - et dégusté en deux : peau et chair accompagnées de fines crèpes de blé et de la fameuse sauce hoisin, puis sous forme de bouillon clair, parfait pour digérer la montagne d’hors-d’œuvre (un peu inégaux) que nous avons commandés.
La Lo Hei, salade de sériole crue ; les Siu Mai, succulents raviolis vapeur de porc et crevettes ; les super crispy croquettes de crevettes à la sauce pimentée sichuanaise ; les choux-fleurs et brocolis croustillants à la sauce Kung Pao.
En dessert la crème de mangue liquide, pomelo & perles de sagou apporte une touche suave.
Pour les étourdis ou ceux qui n’aiment pas le palmipède, restent les plats à la carte : bœuf sauté, poulet frit, riz végétarien.
Un bon saké, une bougie sur un Shoutao - petit pain cuit à la vapeur en forme de pèche, fourré à la pâte de lotus, garant de longévité - c’était bien.

SENsation
32 rue Saint-Maur, 75011 Paris
Fermé dimanche et lundi
Note : 130€ le canard entier pour 4 personnes - un chouia maigrichon…
On aurait aussi apprécié de petites serviettes pour se rincer les doigts, et un rapide changement d’assiettes entre les huîtres et le canard.


Κέιτερινγκ

Et de trois pour Etsi, qui a ouvert il y a quelques mois son espace traiteur, dans un quartier discret, mais gourmand : le 5e. Après son bistrot et son Ouzeri (18e), Mikaela se lance dans la “à emporter” ou “sur le pouce” avec le même gage de qualité.
On y retrouve les plats grecs modernisés qui ont fait le succès d’Etsi - et pour cause c’est Theodora Giannouli, ancienne cheffe exécutive du bistrot, qui régale.
On ne vous détaillera pas l’étendue des plats et des entrées mitonnés chaque jour, mais sachez que les aubergines farcies sont démentes, la ratatouille parfaite, le cheesecake grec savoureux, la confiture de kumquats fameuse.
Ça sent bon les tavernes et les tongs. Et une fois n’est pas coutume, c’est à gauche (la rive).

Etsi le traiteur
241 Rue Saint-Jacques, 75005 Paris
Fermé dimanche après midi et lundi




It Paris

Par Karine Salomon

- Bonjour, c'est pour un bilan de compétences.
- Parfait. Dîtes m'en un peu plus sur vous.
- J'aime manger, beaucoup. Et j'aime le bon vin.
- Très bien. Et ?
- J'aime beaucoup aller voir des expos et je m'y connais un peu.
- Ah c'est pas mal ça.
- On me dit que j'écris bien et que j'ai pas mal d'humour.
- Bon, ça peut servir.
- J'aime raconter, expliquer, vulgariser, faire saliver. Et rebondir sur l'actualité.
- Très bien. Alors, si je résume, vous êtes une rédactrice, gourmande, férue d'art, avec un talent certain pour le récit et les bons mots. Vous devriez écrire une newsletter.