Avec des pincettes

Analyse en trois parties, d'excellents misos, et un retour

It Paris
3 min ⋅ 03/04/2025


Analysez le cas Marine le Pen, vous avez deux heures.

I. Thèse : La loi rien que la loi
Sans rentrer dans les détails des différentes lois qui ont été votées, dictées par la stupéfaction du monde politique devant l’émouvant “les yeux dans les yeux” de Cahuzac, diplômé ès chocolats suisses, oui, il est possible de prononcer l’inéligibilité avec exécution provisoire d’un élu condamné pour corruption et fraude fiscale.
D’après les conclusions des juges, le RN aurait mis en place pendant plus de 11 ans un “système” de détournement de fonds publics ayant entraîné un préjudice de 4,1M€ pour le Parlement européen.
MLP aurait refusé de s’expliquer et nié des faits pourtant jugés “évidents”.
Estimant que les avocats de Marine ont plaidés comme des bleus et que sa défense s’est dégonflée comme une baudruche devant le réquisitoire implacable du procureur et les preuves irréfutables, il ne restait aux juges pas d’autre solution, en droit, que de choisir le haut du panier de la condamnation.

II. Antithèse : Prendre des vessies pour des lanternes
En rendant une décision lourde de conséquence pour la vie politique française (encore que), les juges ont montré qu’ils étaient motivés par des convictions politiques clairement marquées à gauche.
L’indépendance de la justice est ouvertement remise en cause, les magistrats jugés incapables de prendre des décisions sans influence. On a voulu “mettre à mort” la candidate chouchou à l’élection présidentielle, on a bafoué le droit de vote, pris la démocratie en otage.
Les juges auraient du rendre un jugement de Salomon (le si bien nommé :), une condamnation assez lourde pour montrer qu’on est fâché, mais pas excessive, pour respecter la souveraineté populaire.

III. Synthèse : Le pouvoir suprême du peuple
En voulant laver plus blanc que blanc, le législateur, toutes obédiences confondues, a fait pas mal de taches. Les juges, en respectant la loi, ont précisément obéi à la souveraineté populaire, qui ne sait plus très bien quoi faire avec la patate chaude.
Le pouvoir législatif, pris à sa propre intégrité, est donc contraint aujourd’hui d’exiger du pouvoir exécutif qu’il demande discrètement au pouvoir judiciaire de se magner le train pour que le pouvoir populaire ne se soulève pas. Un bel exemple de séparation des pouvoirs.


Cet édito est déjà has been puisqu’on ne parle plus que des droits de douanes trumpistes.
Promis, demain j’arrête Minute Maid, Head & Shoulders et Ariel. Fini le Côte d’Or et le Toblerone, les Twix et les Balisto. Josette lâche Royal Canin. Plus de gazpacho Alvalle, ni de flocons d’avoine Quaker.
F… Instagram et ciao Netflix.
J’aimerais bien garder Paul Newman, si c’est possible.


Coup de fermentation

Gros coup de coeur pour Hugo Chaise, ancien cuisinier de maisons étoilées, formé au très innovant Noma’s Fermentation Lab, et pour son univers fermenté.
Kombucha, koji et autres misos sont en vente dans sa toute nouvelle boutique-resto-café qui fleure bon le grain de riz et l’Aspergillus.
Chez My Fermentation, on se régale d’une omelette palace au miso de lupin, d’une salade croquante au miso de topinambour, d’une brioche salée au kimchi et miso d’haricots rouges, d’un cookie au caramel de miso de seigle. Sans oublier le mochi-brownie, un gâteau moelleux-collant, peu sucré à la sauce amazaké (riz fermenté doux).
Le bon miso, c’est comme la bonne sauce soja : ça change tout ! Ce condiment salé, légèrement vinaigré, au goût de prune séchée, de châtaigne, de pain grillé ou de fruits jaunes, parfois terreux ou crémeux, donne une profondeur à la cuisine.
Mélangé à du beurre en tant pour tant, il parfume une soupe ; une petite cuillère d’un miso tendre dans une salade de fraises, et c’est le paradis. Dans les vinaigrettes, le miso remplace le sel et la foutue sauce Maggi. Il apporte de l’umami à une sauce ou peut tout simplement se poser sur le bord d’une assiette en assaisonnement.
Malheureusement, les kombuchas était encore en bubulation, il faudra donc revenir… et ce sera avec joie, tant on a aimé le concept innovant, la carte simple comme du bon pain, et le très bon café réalisé par un vrai barista. My Fermentation
3 rue Saint-Bon, 75004 Paris
Ici pour les recettes


Le retour du Mermoz

Cela a été notre découverte du temps de Manon Fleury, notre QG du temps de Thomas Graham, notre escale au passage d’Alice Arnoux, nous y sommes retournés avec plaisir pour découvrir la cuisine de Florence Stevenson et Thomas Lefort, anciens de l’Astrance.
Derrière le bar on retrouve Camille, un temps expatriée, revenue donner du sourire à cette jolie table du 8e Champs-Élysées, désespérément vide de talent.
On sent le poids du passé bistro-gastronomique : la carte est courte, les produits de qualité, et les prix fidèles à la réputation.
Ce soir là, un délicieux thon de ligne, pamplemousse, kumquats, un œuf mollet, crème au lard suave, et une betterave barbecue fondante. Les plats sont très (trop) généreux : artichaut barigoule (V), barbue de ligne et mention spéciale pour le magret de canard aux premières asperges.
La crème brulée au vin jaune est encore de la partie, et elle est parfaite - on regrettera juste son prix de 15€. Le dessert, ultra citronné réveille les plus alcoolisés…
Mention TB pour ce Mermoz nouveau, un chouïa précieux.

Le Mermoz
16 rue Jean Mermoz 75008 Paris
Fermé samedi et dimanche - Carte 65-70€




It Paris

Par Karine Salomon

- Bonjour, c'est pour un bilan de compétences.
- Parfait. Dîtes m'en un peu plus sur vous.
- J'aime manger, beaucoup. Et j'aime le bon vin.
- Très bien. Et ?
- J'aime beaucoup aller voir des expos et je m'y connais un peu.
- Ah c'est pas mal ça.
- On me dit que j'écris bien et que j'ai pas mal d'humour.
- Bon, ça peut servir.
- J'aime raconter, expliquer, vulgariser, faire saliver. Et rebondir sur l'actualité.
- Très bien. Alors, si je résume, vous êtes une rédactrice, gourmande, férue d'art, avec un talent certain pour le récit et les bons mots. Vous devriez écrire une newsletter.