Un espoir immense, une sacrée bonne femme et des sandwichs de paix.
Évidemment, j’étais partie sur toute autre chose. Une fine analyse politique du grand oral de François, et de la propension magnifique qu’ont nos députés, dans ce panier de crabes qu’est devenue l’Assemblée, à privilégier l’intérêt général sur l’ambition personnelle.
Des modèles de dévouements, d’esprit collectif, de conciliation et de compromis transpartisans.
Et puis il y a eu cette nouvelle : celle d’un accord entre Israël et le Hamas qui prévoit la libération des otages. Vifs ou morts, traumatisés, au compte-gouttes, mais de retour.
Un accord fragile et encore incertain, dont les modalités concernant “l’échange des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, le retour à un calme durable qui doit mener à un cessez-le-feu permanent” sont toujours en négociation.
Et alors que les députés LFI trouvent encore le moyen de diviser en distribuant de mauvais points, comme de vieux régents tyranniques, obtus, hargneux et calculateurs, alors que Macron rate encore son tweet, en un “en même temps” pathétique.
Alors que chaque otage sera échangé contre un nombre significatif de prisonniers palestiniens, responsables d’attentats, de tentatives d’attentats, ou d’agressions contre Israël, qui n’auront pour but que de reconstruire une force armée pour la menacer à nouveau.
Alors que Netanyahou, sans doute aussi responsable de la plus grosse crise qu’ait connu Israël et les Juifs depuis la Shoah, s’en tirera peut-être avec les honneurs, et alors que Trump, pas encore officiellement en poste, revendique, à tort ou à raison, ce succès.
Alors qu’il a fallu négocier avec des terroristes barbares - mais négocie-t-on avec ses amis - dont le but avoué de détruire Israël ne devrait pas bouger d’un iota.
Nous nous réjouissons, sans triomphalisme, avec émotion.
Nous nous réjouissons pour ces familles épuisées, dont les prochains jours seront sombres.
Pour les vivants qui tenteront de se reconstruire après quinze mois d’enfermement et de mauvais traitements. Pour les morts qui trouveront une sépulture digne de leur innocence auprès de leurs proches.
Pour une population palestinienne sacrifiée par des dirigeants totalitaires et fanatiques.
Et nous croisons les doigts, les pieds et tout ce qu’il est possible de croiser pour que les négociations entamées avec le Qatar et l’Arabie Saoudite débouchent sur une solution de “tranquillité durable” et de “retenue mutuelle”. Pour la paix, on attendra malheureusement un peu.
Marie Clémentine Valadon nait en 1865 à Bessines-sur-Gartempe.
D’abord couturière, elle a 14 ans quand elle se rapproche des milieux artistiques parisiens et entame une prometteuse carrière de modèle. Particulièrement belle et sensuelle, devenue Suzanne, elle pose pour Pierre Puvis de Chavannes et Auguste Renoir, dont elle devient la maîtresse.
En 1883, elle donne naissance à son fils, Maurice Utrillo (le peintre, donc), conçu avec un ingénieur catalan, ami des arts. C’est aussi à cette époque que Suzanne, qui dessine depuis longtemps au fusain, débute les portraits, et surtout les autoportraits. Dix ans plus tard, avec quel talent, elle ose enfin la peinture à l’huile.
Elle est remarquée par Toulouse-Lautrec, avec lequel elle entame une relation amoureuse, puis ce sera Degas qui l’a prend sous son aile artistique, en tout bien tout honneur.
Mariée à Paul Mousis, agent de change pendant quelques années, elle connait également une passion tumultueuse avec le compositeur Erik Satie.
En 1909, elle se met en ménage, puis épouse André Utter de 20 ans son cadet. Leur relation durera trente ans.
Il n’est pas ici question de faire la litanie des amants de Suzanne Valadon par commérage. Ce CV de grande passionnée ne démontre que l’immense liberté et l’insolente modernité de cette artiste qui s’est formée avec talent et détermination auprès des plus grands.
L’abondante production de Suzanne Valadon, dont plus de 200 peintures et de très nombreux dessins sont présentés au Centre Pompidou, accolée à celle de certaines de ses contemporaines françaises, est absolument magnifique.
Première peintre femme à avoir osé représenter la nudité masculine, de face et sans artifice sauf ceux qui lui ont été imposés par la bien-pensance, c’est aussi et surtout les corps des femmes qu’elle peint merveilleusement et sans détour. Seins nus, rondeurs, poses lassives, toilettes, puberté, plaisir et désir, tout y passe et c’est absolument réjouissant.
Il y a du féminisme là-dessous, de ce féminisme qui n’efface pas les hommes, mais magnifie les femmes.
Il y a de la puissance dans les couleurs, de l’insolence dans les regards, de la grâce dans les paysages et les tissus.
Suzanne Valadon impose une vision sans concession du réel et ceux dont les portraits sont passés sous ses pinceaux ont eu bien de la chance de se découvrir à travers son prisme libre.
Quelques toiles méritent de s’y attarder longuement, comme Autoportrait aux seins nus (1931), Adam et Eve (1909), Joie de vivre (1911). Le podcast, raconté par les commissaires Nathalie Ernoult, Chiara Parisi et Xavier Rey est idéal pour préparer la visite.
Suzanne Valadon
Centre Pompidou jusqu’au 26 mai 2025
Leven pourrait être une énième adresse de street food venue du Levant - façon bobo de désigner le Moyen-Orient. Mais non seulement les dürüms concoctés par Or Bitan et ses associés Victor Yasar, Léon Désarmégnin (tous ex-Dalia) sont difficiles à manger debout tant ils sont généreux, et ce serait passer à côté de tous les sides et desserts proposés par ce sympathique nouveau venu.
Cinq recettes pour ce sandwich kurde à la galette cuite minute : agneau, maquereau, keftas, champignons, poulet, assaisonnés dans le désordre, d’herbes fraiches, de mélasse de grenade, de tahini, d’aïoli, de cornichons, d’oignons grillé, de sumac, de zhoug (piment, coriandre, ail)…
Ça coule, on s’en met plein les doigts, ça pique, et c’est carrément bon.
Le soir, la carte s’étoffe de côtelettes d’agneau et d’onglet de bœuf, mais aussi d’un fenouil rôti, de ribs de maïs et de cocktails.
En dessert, même si le purple carrot cake est dément, on fond évidemment pour le malabi à la fleur d’oranger, parce qu’il n’y a rien de meilleur, point.
Joli déco, douce comme un marché oriental, playlist comme il se doit, nickel.
Photos ratées, bien en deçà de la réalité. On ne voit même pas l’intérieur du dürüm… il faudra revenir.
Leven
110 Rue Montmartre, 75002 Paris
Ouvert tous les jours midi et soir / Privatisation possible