Comment j'ai vaincu la canicule

Passer la journée au musée, manger des glaces et faire semblant de rire.

It Paris
4 min ⋅ 03/07/2025



Au delà de la fermeture des persiennes, des stores et des rideaux. Non contente d’avoir scotché maladroitement des sacs en papier sur les quelques fenêtres sans volets. Après avoir installé trois ventilateurs en dérivation, recouverts de linges humides, d’avoir volé un purificateur d’air Dyson - en fin de vie et d’une efficacité douteuse - et d’avoir rempli le réfrigérateur de brumisateurs Cristaline, je me suis enfin décidée à agir.
Et je suis partie au musée.
Je vous passe les détails du trajet à vélo (non électrique), pendant lequel mon corps s’est identifié au poulet rôti du dimanche, et au cours duquel j’ai perdu ma salive - entre autres liquides.
Enfin, après m’être trompée trois fois d’entrée, et avoir arpenté les trottoirs brûlants sous l’œil indulgent des touristes sous parasols et des gardiens ombragés, je suis arrivée au Grand Palais, nouvelle version.

Une circulation repensée, une nef ouverte aux regards, de grands canapés : l’espace est dingue. Et relativement réfrigéré.
Mention spéciale pour la place centrale, qui accueille la boutique de design toute d’écailles de terre cuite vêtue, entourée d’immenses poteaux de fonte vert tendre.

Et surtout, une exposition vaut, à elle seule, presque toutes celles que j’ai eu le bonheur de voir cette année…

Art Brut, dans l’intimité d’une collection.

Pendant quarante-cinq ans, le collectionneur Bruno Decharme - commissaire avec Barbara Safarova de cette exposition - a constitué une impressionnante collection d’Art Brut, dont quatre cents œuvres sont ici exposées, parmi les mille cédées au Centre Pompidou en 2021.

C’est au sortir de la seconde guerre mondiale que Jean Dubuffet invente le terme Art Brut pour désigner les créations de personnes - socialement ou psychiquement isolées - en marge des courants artistiques, des conventions et des pratiques reconnues.
Ces artistes, qui ne se définissent ni ne se considèrent comme tels, composent leur œuvre de façon obsessionnelle et aboutie, pour répondre aux tourments et aux croyances qui les hantent.

Profondément symboliques, leurs créations sont souvent liées à un trauma, une maladie psychique, une solitude quasi autistique, une foi intense, voire une révélation divine ou extra-terrestre.
Avec le sentiment de pouvoir réparer le monde, inventer des langages plus riches, conjurer le sort, convoquer les esprits, ou être Dieu, ces “hommes du commun à l’ouvrage”, selon l’expression de Dubuffet, parlent à notre fragilité, à nos peurs, à notre espérance.
Elles et ils nous touchent dans ce que nous avons de plus intime, de plus personnel. On s’amuse, on s’extasie, on réfléchit, on s’attendrit.
Nourris de leur seul vécu, comme investis d’une mission, ces artistes prophétiques, répertorient, accumulent, construisent, rêvent, témoignent, manifestent - de façon spontanée et extrêmement touchante.

On se laisse embarquer par leur authenticité, leur liberté, mais surtout par leur talent. Car si l’Art Brut est un art peu conventionnel, qui échappe aux stéréotypes culturels, il n’en reste pas moins de l’art au sens premier : celui qui consiste à toucher les sens et les émotions du public.

L’Art brut est un art exutoire, un art sans barrière, un art hors norme - et n’est ce pas exactement ce qu’on attend d’une exposition ? Qu’elle nous bouleverse, nous amuse, nous intrigue.

Art Brut. Donation Decharme au Centre Pompidou
Jusqu’au 21 septembre 2025


Il faut bien entendu pousser la visite jusqu’à la bruyante et foisonnante exposition qui présente les œuvres de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, dont la collaboration fut soutenue par Pontus Hultén, grand homme de musée et premier directeur du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou.

En offrant une visibilité exceptionnel au couple d’artistes, il promeut leur conception anarchiste et disruptive, au service d’un art pour tous, pluridisciplinaire et participatif.
L’exposition revient notamment sur les deux grandes rétrospectives organisées par le Centre Pompidou : Niki en 1980, Jean en 1988.

Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hultén
Jusqu’au 4 janvier 2026



Plaisirs glacés

C’est l’époque des glaces, les magazines et les réseaux sociaux se battent à coup d’esquimaux et de cornets.
On ne vous en citera que trois, pour ne pas trop vous éparpiller.

En numéro un, les granités-neige de Jade Génin. Une sorte de sunday addictif composé d’un granité minute et de crème glacé. Le framboise, meringue italienne, vanille est dément, et le tiramisu idem.

Zélikha, sous le pseudonyme de Caro Diario, fait des glaces extraordinaires. Cette été, elle installe son Gelato Teatro dans la cour du Musée de la Chasse et de la Nature qu’on adore. Une bonne occasion de joindre l’agréable à l’agréable.

Lionel est un trublion glacier, il s’amuse avec les légumes, les crustacés, les fruits et les crèmes. 60 parfums étonnants-gourmands, sans additif et sans E. Sauf dans le nom : Enzo & Lily.


L’édito de cour de récré

Donald était copain avec Elon, mais Elon ne veut plus jouer avec lui, alors Donald se fâche.
Jo se fait traiter de “son of a bitch” par Donald, qui décidément commence à pousser le bouchon un peu loin.
Benjamin a mis une raclée à Khame, mais Khame menace encore de foutre le bordel.
Donald, encore lui, voudrait bien que la classe orientale se calme. Il a dit à Benjamin que ça suffisait, et aux terroristes de se calmer avant qu’il ne s’énerve vraiment.
Tamin - qui a du mal à avoir une influence sur ses potes cagoulés -, et Abdel - qui veut surtout ne pas les croiser - doivent les convaincre.
Manu a appelé Vlado pour lui dire Khame n’était vraiment pas réglo, mais Vlado a l’air plus préoccupé par l’organisation de ses prochaines vacances à Odessa.
D’ailleurs, Volod s’est fait lâcher par Donald, qui avait pourtant promis de l’aider à résister à Vlado
Manu, lui, espère être à nouveau délégué. Il doit aussi appeler Jinping pour lui vendre son programme.
Pendant ce temps, y’a l’autre, Dominique, qui avait pourtant quitté l’école, et qui revient - genre en “humaniste” - prêcher la bonne parole. Dommage que Donald ne soit pas dans sa classe.
François… ben oui au fait, qui a vu François ?

On rigole - pas vraiment - car il reste 50 otages à Gaza, vivants ou morts, dont on ne rappelle quasiment plus les noms. Qu’un accord soit trouvé pour qu’après 636 jours de captivité, ils puissent enfin retrouver leurs familles.








It Paris

Par Karine Salomon

- Bonjour, c'est pour un bilan de compétences.
- Parfait. Dîtes m'en un peu plus sur vous.
- J'aime manger, beaucoup. Et j'aime le bon vin.
- Très bien. Et ?
- J'aime beaucoup aller voir des expos et je m'y connais un peu.
- Ah c'est pas mal ça.
- On me dit que j'écris bien et que j'ai pas mal d'humour.
- Bon, ça peut servir.
- J'aime raconter, expliquer, vulgariser, faire saliver. Et rebondir sur l'actualité.
- Très bien. Alors, si je résume, vous êtes une rédactrice, gourmande, férue d'art, avec un talent certain pour le récit et les bons mots. Vous devriez écrire une newsletter.