Partira, partira pas ?
Démissionnera, ne démissionnera pas ?
Le flottement politique dans lequel nous naviguons fait le bonheur des chaînes d’info, qui multiplient les plateaux, débats, chroniques et avis d’experts. Et si chacun y va de son commentaire pertinent, tout le monde s’accorde à dire que “Bayrou ne passera pas”.
Alors même que le vieux roublard tente ses toutes dernières négociations, refériéses les jours fériés, et se déhanche à droite, on évoque, entre crainte et excitation, le nom du septième Premier ou Première ministre du règne Macron.
Faure trépigne et repasse ses chemises. Darmanin s’agite. Bardella et MLP détournent la tête.
Peu de chance pour les éternels candidats : Cazeneuve, Lecornu, Vautrin, ou encore Borloo.
Une personnalité civile, “en phase avec le quotidien des français” ? Michel-Édouard Leclerc…
Quant à Mélenchon et sa troupe d’apôtres assujettis, il est déjà au 10 septembre.

De mémoire de jeune boomeuse, on n’avait jamais vu ça.
Une sorte d’alignement des planètes, mais en diagonale, ou en zigzag : mécontentement, peur, instabilité, endettement, agressivité, populisme, harcèlement, déconnexion, immobilisme, ambition, lâcheté, opposition.
Un soupçon d’exaspération, et nous y voilà.

Il est à parier qu’à l’autre bout de la planète, le président chinois Xi Jinping, le Russe Poutine et le chef suprême de la Corée du Nord, Kim Jong-un, abordent aussi avec inquiétude le sort de nos institutions. Entre missiles flambant neufs, chars dernier cri, soldats clonés, et fermeté insolente, il est évident que leur unique souci est le destin politique français, voire européen.
Encore faudrait-il qu’ils sachent où c’est…

Le resto improbable

C’était une vieille maison parigote, dans son jus, dirigée avec gouaille par “Coco”. Seuls les initiés, ou ceux les égarés dans ce coin du 16e proche Grande Armée, se régalaient de ses chipirons ou de sa terrine de langue.
L’Auberge de Saint-Jean-de-Luz a été reprise il y a quelques mois par un couple nippo-coréen aussi réservé que charmant, que les péripéties de la vie obligent à servir en catimini quelque huit couverts par service.
Et dans ce décor d’un autre temps - carrelage désuet et chasse d’eau à tirette-, Alt propose une cuisine magnifique.
Une autre table de deux ce soir-là, et nous quatre. Comme à la maison, ou presque. Car le CV de ces deux touche-à-tout, qui passent de la salle à la cuisine, est solide ; lui vient de Taillevent, elle était chez Robuchon à Singapour.
En entrée, le foie gras est dément, et les poireaux vinaigrette, tourteau-sarrasin méritent déjà l’étoile. J’ai opté pour les capellini aux pèches, crème Vichyssoise, gambas (oui, oui aux pèches), suaves.
S’ensuivent des assiettes débordantes, bar, magret, noix de veau. Cuissons parfaites. Assaisonnement parfait. Accompagnements parfaits.
Coupe de mirabelles, granité et gelée - il en a fallu une deuxième pour être vraiment sûr - et gâteau au chocolat, mousse-caramel vin rouge, épatant.
Ah oui, j’oubliais : l’argenterie et les jolies assiettes.
Bref, n’y allez surtout pas.

On me dit dans l’oreillette qu’il y a maintenant une joue de bœuf confite.
Et que les girolles sont arrivées.
N’y allez pas, je vous dis.

Alt
25 rue le Sueur 75116 Paris
Fermé samedi midi et dimanche - Carte 55€

Les collègues

Parce qu’il n’y en a pas beaucoup qui - en matière de gastronomie notamment - font ce qu’ils veulent et pensent ce qu’ils disent, voici deux newsletters à suivre si vous chercher de l’esprit et des bons plans.

Entrée, Plat, Dessert - Robin Panfili (mensuelle)
Ex-Le Monde, ex-Slate et maintenant ex-Konbini, Robin écrit bien et pense bien. Journaliste gastronomique, émancipé des modes et des diktats foodie, il jongle entre “enquêtes approfondies" (Les chefs ont-ils un problème avec leurs couteaux ?), kebab traditionnel, repose couteaux en argent, produits anti-moustiques et révélations cinématographiques.
C’est drôle, intéressant et décalé. Je suis un peu jalouse, mais ne lui dites pas.

Chaleur Tournante - Elisa Gautier (hebdomadaire)
La proprio du charmant Kiosk, glaneuse d’adresses dans le mood, publie “la plus courte des newsletters food”. Pas de blabla, mais chaque semaine : une adresse (resto, café, commerce de bouche), un produit, et une anecdote. C’est toujours bien trouvé, et plus que bien.

Génocide, la suite

Deux salles d’exposition, mais qui n’en sont pas moins bouleversantes.
En 1979, Raymond Depardon, alors en reportage pour Paris Match, pose son objectif et son œil recueilli sur le site d’Auschwitz-Birkenau. Il découvre l’étendue inimaginable du camp d’extermination, sous la neige, absolument vide. Il en réalisera une série exceptionnelle de 77 planches-contact, aujourd’hui préservée au sein du fonds du Mémorial de la Shoah.

Ces photographies, qui n’avaient jamais fait l’objet d’une exposition dédiée, sont placardées sur les murs en tirages monumentaux, renforçant encore le sentiment d’aspiration et de désolation.

Mémorial de la Shoah, jusqu’au 9 novembre 2025
Le catalogue Auschwitz-Birkenau vu par Raymond Depardon, coédité par le Mémorial et Calmann-Lévy, rassemble l’ensemble des clichés et planches (22€).

Méga coup de g*rbe

Dans une interview donnée à la chaine YouTube Thinkerview - qui se targue de “faire des interviews aux perspectives alternatives dans un monde aux informations formatées”-, Rima Hassan parle pendant trois heures et demi.
Un temps bien trop long à lui accorder.
D’après les commentateurs - tout bord confondus, sauf les crétins - il en ressort un florilège d’horreurs, de justifications et d’inexactitudes.
À quand la saisine de la justice contre cette pseudo députée européenne, élue par défaut, qui “ne croit pas aux chiffres du Crif” concernant l’antisémitisme, - chiffres pourtant issus du Ministère de l’Intérieur ? Qui embrasse “la position historique du Hamas c'est de dire qu'Israël n'a pas vocation à exister car c'est un État qui a pillé nos terres.”, et qui justifie les attaques innommables du 7 octobre comme acte de “terrorisme résistant”, voulu et organisé de concert par “une coalition de tous les mouvements palestiniens” ?
Le plus grave ? Toutes celles et ceux qu’elle continue de convaincre à coups de révision historique et d’arguments contestataires, faux mais séduisants.

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