Un chapeau, trois doigts, des fous et des restos.
Alors, voyons voir, que s’est-il bien passé cette semaine ?
Franchement trois fois rien…
Un chapeau a fait parler de lui. Un chapeau élégant. De ceux qui masquent le regard et assurent une protection contre les baisers volés. De ceux qui permettent aussi de s’échapper un moment quand le temps devient trop long et les discours trop lourds.
Une rangée de quatre sièges pour mille milliards de dollars : Mark, Sundar, Jeff, Elon. Réunis pour le meilleur et pour l’IA. Nos combattants courageux du freedom of speech, défenseurs de la testostérone, guides suprêmes de nos vies connectées, dieux de l’info non vérifiée et de la haine en ligne, indispensables artisans du MAGA.
Un révérend, puis un autre, puis un rabbin, et de nouveau un révérend. Une messe, puis une autre. Des bénédictions, des prières, des visages courbées et recueillis, des mains jointes. Un modèle de laïcité et de séparation de l’Église et de l’État.
Qu’il soit hitlérien, romain ou Usain Boltien, qu’il ait essayé d’attraper une mouche, d’envoyer des tweets télépathiques ou qu’il ait juste été mécanique et maladroit, le salut muskien a fait le job : faire parler encore du gars au bout du bras. Qui, non content d’être le type le plus riche du monde, entend user de sa puissance médiatique pour influer sur les politiques mondiales.
Un sweat-shirt “Camp Auschwitz”. Quoi de plus seyant pour célébrer une grâce présidentielle ? Le 27 janvier, nous commémorons les 80 ans de la libération d’Auschwitz. À n’en pas douter, cet émeutier du Capitole, fraîchement libéré, a tenu d’emblée à marquer son affliction. (ironie)
Gratifiées de pochettes souvenirs, badges publicitaires autour du cou, chaperonnées par une centaine de “moniteurs” armés et cagoulés, acclamées par une population pacifiste, confortablement installées dans les véhicules d’une ONG providentielle, trois jeunes femmes ont quitté leur camp de vacance pour rentrer chez elles. (grosse ironie)
Une main de trois doigts est devenue, en un instant et une photo, un signe de résilience et de ténacité.
94 otages attendent encore leur cadeau de départ. Puisse l’accord tenir, malgré les fanatiques, les pressions d’extrême droite et les provocations. Après le soulagement, viendra le temps des enquêtes, des démissions, des élections, de la reconstruction.
Et enfin, une petite pensée pour Aymeric Caron, Thomas Portes, David Guiraud - confrères et consœurs, dépossédés de leur sujet de prédilection, forcés de s’intéresser à des enjeux nationaux.
Dessin @danabarlev
Plus que quelques jours pour s’immerger dans le monde de la folie, si tant est qu’on n’en ait pas assez dehors.
Du Moyen Âge à la Renaissance, à travers 300 dessins, peintures, sculptures, et objets, Le Louvre met en scène les fous. Ceux qui nous questionnent, ceux qui nous font rire, les faux fous, les dangereux, les émouvants.
Il y a le fou qui a oublié Dieu, et celui qui en est fou. Le fou d’amour, et l’amour ouf.
Il y a le fou drôle, le fou du roi, le fou en fête. Le dément, le rejeté.
Le fou originel, cet “insensé qui ne croit pas en Dieu” (Dixit Insipiens in corde suo: non est Dei), est vigoureusement contrarié par le fou de Dieu.
Le fou d’amour, lui, inspire la tendresse, voire la passion, quand le fou lubrique provoque à la fois dégoût et désir immoral.
Puis le fou se « politise » et se « socialise », portant la parole ironique à la cour, dans les villes et dans les arts. Le fou ose, il est subversif, réformateur, critique. Sa folie lui permet les outrances et les vérités.
A l’ère moderne, le fou est dément, marginal ou délinquant, propre à l’enfermement et aux soins.
Une folle épopée, si dense, qu’on en devient parfois un peu fou, qui a de tout temps inspirée la création artistique, et dont les échos se font encore entendre avec une modernité déroutante.
Figures du Fou
Musée du Louvre jusqu’au 3 février 2025
La rue des Dames, dans le 17e fourmille de bonnes adresses.
Il y a Mova, où officie avec succès et raffinement François Merle depuis plusieurs années - et qui mérite vraiment que nous y retournions - et sa petite sœur Jupi.
Il y a le bistronomique Gare au Gorille qui tient aussi le bon bout depuis fort longtemps, et son sympathique bar à vins mitoyen, Obonobo.
Et puis Janine, qui a parfois manqué d’un peu de bonhomie, mais qui reste un très bon bistrot.
Denière découverte en date : Parisik, une néo-cantine coréenne, ouverte il y a déjà quelques mois.
C’est tout petit, ça sent terriblement bon, et c’est directement inspiré par les restos coréens de New York. Rien d’étonnant, les proprios ont habité la Big Apple pendant de nombreuses années.
On est loin des classiques coréens, même si le bibimbap reste évidemment à la carte. Pas mal de propositions ce soir-là, comme cette soupe de fruits de mer, Gochugang, citron, ou ce curry de cabillaud, bien parfumé et sans excès d’ail ;).
Pas assez faim pour goûter le poulet frit au jalapeño, ou la spécialité du chef, le rice cake au champignons. Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot.
Mova - 39 rue des Dames, Paris 17
Jupi - 25 rue des Dames, Paris 17
Parisik - 37 rue des Dames, Paris 17
Gare au Gorille - 68 rue des Dames, Paris 17
Obonobo - 66 rue des Dames, Paris 17