Coup de gueule mérité, deux expos, et des attentes gourmandes.
Après avoir tenté, le temps d’une newsletter, d’échapper à la récurrence ambiante qui met les Juifs à toutes les sauces et au centre de toutes les injonctions, je suis contrainte et forcée d’y revenir.
Car, une manifestation contre le racisme qui ignore l’antisémitisme, ÇA SUFFIT !
Des amalgames à deux balles qui consistent à faire porter le chapeau d’une guerre qui n’a que trop durée aux Juifs du monde entier, ÇA SUFFIT !
L’imbécilité crasse qui conclut que le plus grand des racismes actuels est le sionisme, ÇA SUFFIT !
Le discours qui suppose de commenter et légitimer tout acte antisémite par une seule et même question : “Et les enfants palestiniens ?”, comme si une violence pouvait en justifier une autre, ou comme si nous ne pouvions être scandalisés par les deux, ÇA SUFFIT !
L’instrumentalisation du sionisme à toutes fins utiles, de l’extrême gauche à l’extrême droite, et, de fait, la focalisation de l’argumentation politique sur les Français de confession juive, ÇA SUFFIT !
Ne pas reconnaître la recrudescence inacceptable des agressions contre les Juifs, de l’école aux réseaux, de la rue au bureau, ÇA SUFFIT !
Accepter qu’un spectacle d’humour ou de danse, qu’un festival, qu’un colloque, soit boycotté, vandalisé ou interrompu parce qu’il est israélien ou juif, ÇA SUFFIT !
Avoir des élus qui, sous couvert de ne jamais avoir été condamnés pour antisémitisme et de ne pas s’en réclamer, distillent, amalgament, justifient, blâment, censurent, montrent du doigt, caricaturent, au point d’en convaincre de pauvres gens en quête de responsabilités, ÇA SUFFIT !
88% des agressions antireligieuses en Île-de-France concerne les Juifs, ÇA SUFFIT !
“Criminels, idiots, Juifs, spéculateurs, malades, corrupteurs, bolchéviques, monstres, abomination”, tels sont les doux attributs dont le régime nazi a gratifié 1400 artistes, censurés, calomniés, et bien entendu spoliés entre 1933 et 1945.
Pendant plus de dix ans, 20 000 œuvres sont “purgées” des musées allemands. Leurs directeurs limogés, de magnifiques collections d’avant-garde éradiquées, des enseignants renvoyés.
L’exposition Entartete Kunst, organisée en 1937 à Munich, réunie 700 œuvres jugées “perverses et incriminables”. Le public s’y presse. Entre curiosité et répulsion, près de deux millions de personnes la visiteront pendant les quatre années de son itinérance.
Picasso, Klee, Grosz, Kandinsky, Chagall, Dix, Van Gogh… Aujourd’hui, le musée Picasso réunit une soixantaine d’œuvres autrefois exposées au dégoût de l’époque.
Une revanche salutaire des “dégénérés” sur les abrutis.
L’art “ dégénéré ”. Le procès de l’art moderne sous le nazisme »
Musée Picasso jusqu’au 25 mai 2025
L’Institut Giacometti - hébergé dans l’hôtel particulier de Paul Follot, petit bijou d’Art nouveau - présente des œuvres inédites du plasticien contemporain Petrit Halilaj aux côtés des sculptures et croquis d’Alberto Giacometti.
Marqué par son enfance dans un Kosovo en guerre, Petrit Halilaj commence à dessiner au camp de réfugiés de Kukës, en Albanie, alors qu’il n’a qu’une douzaine d’années.
Depuis 2015, il a fait des traits maladroits et touchants des dessins d’enfants sa marque de fabrique, les transformant en sculptures 3D, version XXL, qui occupent l’espace et habillent les murs. Il les appelle Abetare, du nom d’un manuel d’apprentissage de l’alphabet kosovar.
Ces grands petits bonhommes aux grosses têtes aplaties s’intègrent parfaitement parmi les silhouettes longilignes du sculpteur suisse.
C’est à la fois tendre et poétique. Chez les deux artistes, on retrouve la même volonté de célébrer l’imaginaire, la candeur et la liberté des dessins d’enfants où tout est possible - surtout l’évasion.
Nous construisions un fantastique palais la nuit…, une exposition aux yeux sincères à ne pas rater.
Institut Giacometti jusqu’au 8 juin 2025
Peu de nouveaux restaurants en ce moment à Paris. C’est plutôt la fête à la street food, aux pains au levain (intéressés par un petit guide boulangeries ?), et aux coffee shops qui pullulent partout (intéressés par un petit guide coffee shops ?).
Et c’est étonnamment du 16e que devraient apparaître quelques bonnes surprises du printemps. Trois ouvertures qui ne font pas encore pâlir le 10ème, mais qui donnent un coup de gourmet à un arrondissement qui en a bien besoin.
- Paul Chêne de la Mer, version iodée des bistrots du même nom, dont on ne présente plus l’ambiance ultra cool, le service bobo et les plats efficaces et gourmands. (Ouverture 1er avril.)
- Camille Saint M'leux, qui quitte Montreuil, sa Villa9Trois et son étoile pour s’installer rue de la Tour. Alors ça… (Ouverture avril aussi.)
- Julien Dumas, chef surdoué de Lucas Carton et du Saint James, qui ouvre Zostera en lieu et place du Pergolèse.
Bon, on n’est pas vraiment dans le bar à vins nature et les assiettes créatives à partager, mais ça mérite qu’on s’y intéresse.