Menaces et boule à facettes
A se demander si nous n’aurions pas mieux fait de rester en haute montagne, à l’abri du tumulte de la réorganisation du monde.
Réorganisation qui évolue à coups de tweets, de menaces, et d’invectives dispensés par des couillus, des mâles puissants qui ne s’en laissent pas conter (ironie). Des musclés qui réprimandent, des courageux qui résistent, des impuissants qui gesticulent, des hypocrites qui ricanent.
Et au milieu de toute cette testostérone, une Europe qui se réveille doucement, surprise de découvrir que son monde post-45 pacifique et collaboratif est en train de foutre le camp, et qui essaye de se frayer une place à table à grands coups de tapes viriles dans le dos et d’annonces guerrières.
A la satisfaction des chaines d’info, chaque jour, voire chaque minute suffit sa peine. On multiplie les débats et les expertises, et chacun y va de son pronostic : le démantèlement de l’OTAN, la chute de l’axe atlantique, le sursaut de la défense européenne, le retour de la dissuasion nucléaire.
A Washington, la “révolution de bon sens” est en marche, et les annonces provocatrices s’enchainent. Celui qui affirme avoir été « sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l’Amérique » balance sa vision du monde selon Trumsk devant des Républicains exaltés et des Démocrates abasourdis.
Pendant ce temps, au Kremlin et à Pékin, deux redoutables exultent. Dans quatre ans, lorsque le fou à mèche sera parti, eux seront encore là. L’avantage de la vraie dictature.
Et demain ?
Les Ukrainiens, une fois la trêve imposée, compteront leurs centaines de milliers de morts. La Russie ne fera pas cas des siens et, si l’on en croit notre Président, lorgnera sur d’autres terrains européens.
Les otages israéliens seront toujours retenus à Gaza et le Hamas continuera de terroriser sa population.
Boualem Sansal sera toujours en prison et les femmes afghanes seront toujours réduites au silence, mais ça, tout le monde s’en fout.
L’antisémitisme s’exprimera toujours plus fort, et notamment à l’école, où 51% des élèves disent avoir “déjà entendu dire du mal des juifs”. Un antisémitisme du quotidien qui repose sur un triptyque idéologique qui va de l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par une partie de la jeunesse musulmane radicalisée.
Et sinon, vous ? “Ça gaze ?” (réflexion reçue dans la tronche par 10% des élèves juifs interrogés - vous me direz, ça fait 90% qui en ont été épargnés, on se rassure comme on peut).
Samedi, comme tous les 8 mars c’est la Journée internationale des droits des femmes et, comme chaque année, les collectifs qui souhaitent rappeler le sort des femmes violées et maltraitées parce que juives, se voient traitées de “sionistes”, de “fascistes”, quand ce n’est pas de “putes génocidaires”.
Manque de bol pour Urgence Palestine et Samidoun (classée organisation terroriste aux États-Unis et au Canada pour extrémisme violent), nous serons là, encore plus nombreuses et plus déterminées.
Pour soutenir le combat des femmes, pour réclamer la reconnaissance du caractère antisémite de certaines agressions, pour résister aux insultes, aux jets de tessons de bouteilles, et à l’exfiltration forcée.
Et pour réaffirmer notre hostilité aux mouvements extrémistes de quelque côté qu’ils se trouvent.
Pour échapper un moment à toute cette m****, enfilez votre jean pattes d’eph et plongez vous dans le monde funky-sexy du Disco à la Philharmonie de Paris.
Un mouvement musical festif et pailletée, apparu aux États-Unis dans les années 70, et dont les origines sont bien plus politiques et revendicatrices que son rythme ne veut bien nous le faire croire.
Un groove unique, issu de la soul, du jazz et du gospel, qui fait écho aux droits civiques et a grandement contribué à mettre en valeur la culture afro-américaine.
Un déhanché mythique qui a fait naître les discothèques et promu les DJ au rang de stars.
Un tempo jubilatoire, porté par de sublimes Disco Divas qui chantent la lutte féminine (I'm every woman de Chaka Khan, Love to love you baby de Donna Summer) et l’affirmation de l’homosexualité - sublime I’m coming out de Diana Ross qui donne son titre à cette expo.
Et pour ceux qui veulent bouger leur booty à la maison, la bande son du DJ Dimitri from Paris est dispo sur toutes les plateformes. Ça dure 3h20, il y a de l’ultra connu et du plus confidentiel. C’est canon.
Disco - I’m coming out
Philharmonie de Paris, jusqu’au 17 aout 2025
Bar - Resto - Cuisine de cheffe - Vins - Vermouth & cocktails
Tout un programme pour un tout petit bouclard éclairé à la bougie, où officie désormais la cheffe Claire Grumelon, que nous avions découverte avec bonheur dans son autre tout petit bouclard - aujourd’hui fermé - Vaillant. Elle a rejoint l’aventure d’Alexis Lissitzky (d’où Lissit), qui après être passé chez Soces, a eu envie d’un petit chez-lui convivial où l’on pouvait bien manger, bien boire et bien causer.
Vu la gouaille et la sympathie du bonhomme, on n’est pas déçu.
Il ne faut pas avoir peur des abats, car Claire aime les trucs un peu spéciaux et British-style.
On a adoré sa terrine de foie de lotte, sa beef pie, sa saucisse végétarienne de Glamorgan et son pudding chocolat-chantilly, sorte de Carambar en dessert.
Bar Lissit
48 rue de la Folie Méricourt Paris 11e
Mardi au Samedi 17h-1h
Un petit mot très personnel pour réaffirmer notre grand bonheur d’avoir encore, à Paris, des brasseries de qualité où la frisée aux lardons côtoie le pavé de bœuf et le saumon à l’oseille.
Où le baba sent vraiment le rhum, où les frites nagent dans des sauces crémeuses et les profiteroles baignent dans le bon chocolat. Où l’on se réconcilie avec le céleri rémoulade et les harengs pommes à l’huile.
Chez Georges - 1 rue du Mail Paris 02