Une silence effrayant, un resto qui va faire du bruit, une expo qui en fait déjà.
Depuis dimanche 21 octobre, plus de 2 000 civils non armés ont été tués au Soudan. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et torturés, fièrement et en toute impunité, par les Forces de soutien rapide (FSR). La ville d’El-Fasher est tombée aux mains des fanatique sanguinaires, et ce sont des dizaines de milliers de civils soudanais qui fuient leurs foyers. Même l’ONU estime que c’est la pire crise humanitaire en cours au monde.
Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), organisation djihadiste salafiste branche sahélienne d’Al-Qaïda, est aux portes de Bamako, et le Mali est en passe de tomber aux mains des djihadistes, menaçant l’équilibre déjà précaire de l’Afrique de l’Ouest.
À l’Assemblée Nationale pourtant, où les débats sur le budget battent leur plein, les députés LFIstes ne soulèvent ni drapeau soudanais, ni malien. Pas de boycott, pas d’insinuation malaisante, pas de stigmatisation. Rien, finalement, qui ne soit très vendeur dans cette crise humanitaire sans précédent. Rien de très électoral dans ces exactions d’une violence extrême. Rien susceptible de provoquer l’adhésion d’une partie de la population. Des atrocités inutilisables en campagne électorale. Pas de flottille, pas de Rima, pas de Greta.
S’il n’y a pas lieu de comparer les conflits, et si tous les morts civils se valent, il y a un cran de plus quand l’enfer de la guerre s’accompagne de terreur, d’humiliation et de sévices, le tout filmé et partagé sur les réseaux. Et s’il n’y pas lieu de comparer, les similitudes avec une certaine boucherie d’octobre ne peuvent être ignorées.
On pourra toujours trouver des explications historico-rationnelles aux massacres et à l’asservissement de certaines populations d’Afrique et du Moyen-Orient, et l’aveuglement occidental est indéniable. Le monde ne tend pas vers davantage de dignité humaine, d’égalité entre les sexes, et de respect des différences.
La responsabilité des fous de Dieu n’y est pas étrangère.
Décidément, depuis la fin des vacances d’été, nous avons enchaîné les bonnes nouvelles gourmandes. Une sacrée respiration dans une actualité asphyxiante.
Après, Les Collonges, Alt, Vivide, en voici un qui vise les étoiles.
Camille Saint-M’leux n’est pas un nouveau venu sur la scène gastronomique. Formé auprès des classiques (Taillevent, Le Cinq,…), il peaufine son apprentissage en Australie, où il découvre les influences japonaises, coréenne et sud-américaine de ce continent riche d’immigrations. De retour à Paris, il prend les rênes de la Villa9Trois à Montreuil, où il obtient rapidement une étoile.
Camille vient de faire le grand écart, d’est en ouest, en installant sa propre maison, Geoélia dans cette rue discrète et peu probable du 16e. Dans un décor simple et chic - magnifiques lustres de forme organique - il propose un menu (et une carte), toujours fameusement inspiré par ses côtes bretonnes. On navigue entre iode et sarrasin et on se prend un coup d’embruns à chaque assiette.
Cinq étapes, raffinées et parfaitement maîtrisées, où l’on retrouve le best-seller du chef : le bœuf au charbon, lard de seiche, d’une tendreté indécente, en accord terre/mer impeccable. Et ce lieu jaune, d’une rare délicatesse, qui se booste d’une frisée grillée à l’amertume assumée.
Le dessert au citron, qui allie subtilement l’acidité, le végétal et le marin, est incontournable.
Courrez-y avant que Camille n’obtienne les récompenses du guide rouge, et que le prix, mérité, ne s’envole.
Perso, je m’en vais découvrir la Pointe du Raz, et faire des économies pour le homard bleu breton en cocotte lutée sur lequel j’ai lorgné à la table voisine.
Geoélia
125 rue de la Tour 75016 Paris
Fermé samedi et dimanche - menus 125€ / 165€
L’exposition au Jeu de Paume du photographe Luc Delahaye, remet une couche de bruit sur ce monde. En grand format et à l’horizontale. Un format qui frappe dès les premières images, et qui souligne l’absurdité de nos clichés, tous verticaux pour écrans de smartphones.
A la fin des années 90, Luc Delahaye abandonne l’agence Magnum et le photo reportage de guerre, pour se concentrer sur la photo d’art, posant ainsi l’intention du photographe au centre de leur différence.
Entre 2001 et 2005, Delahaye emploie un appareil panoramique, produisant des “tableaux photographiques” aux proportions allongées. Une vision élargie qui met le spectateur à distance. À partir de 2005, il démarre ses compositions numériques - les plus intéressantes - et utilise l’ordinateur pour superposer les clichés ou introduire des éléments de mise en scène. Delahaye élude la question de la véracité de ses photos considérant “qu’elles sont constituées de fragments de réel, de moments d’expérience”, qui ont pour lui “valeur de documents”.
La pièce centrale “What’s going on” est marquante : pendant des années, Luc Delahaye découpe dans les journaux des centaines de photographies d’actualité qui retiennent son attention. En 2020, il les reproduit, très agrandis et pixelisés en noir et blanc, dans un format unique, sans commentaire.
La pratique de Delahaye s’apparente à celle d’une écriture, l’ordinateur en guise de stylo. Ses engagements sont marqués, pas forcément ceux de tout le monde, mais ses clichés marquent et “pensent”.
Luc Delhaye - Le Bruit du Monde
Jeu de Paume jusqu’au 4 janvier
La victoire de Zohran Mandani à la mairie de New York fait la une de la presse mondiale, qui se réjouit des envolés lyriques du futur maire de la plus grande villes des États-Unis. « Le soleil s’est peut-être couché sur notre ville…mais je vois poindre l’aube d’un jour meilleur pour l’humanité », a déclaré le candidat victorieux. Rien que ça. Eh be.
Zohran, qui dit vouloir réconcilier « compassion et compétence », et prévoit de demander des comptes aux milliardaires, espère emmener la Grande Pomme vers plus d’égalité sociale, plus d’intégration et sans doute plus d’action partisane.
Perso, je pars à New York début décembre, la chambre de 12m² au Citizen M, avec douche thermoformée et lit sous la fenêtre, est proposée au prix de 600€ la nuit. Le verre de vin nature me coûtera 18$, plus taxe, plus service, soit 25,60$. Welcome Mr Mayor!
Saluons la victoire de deux femmes gouverneures dans le New Jersey et en Virginie. Deux femmes démocrates centristes, réalistes, combatives, idéalistes et progressistes sans être woke. Une belle respiration féminine.
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