Je ne peux ouvrir un oeil sans l’aide d’un bon café filtre et d’une voix dans le poste.
La matinale radio et la tasse fumante, c’est comme la bière avec les chips ou la fondue avec le crouton, in-di-sso-cia-bles !
Cela révèle malheureusement mon âge certain et ma capacité héroïque à résister, ne serait-ce que quelques instants, aux messages WhatsApp et autres stories Instagram que la nuit n’a pas calmés.
Il fut un temps ou écouter une matinale ne se résumait pas à choisir entre réac-anti-wokistes et zadistes-progressistes. Nous n’avions à supporter ni la litanie des saints du jour, ni les blagues malaisantes.
Et si les soutiens politiques s’exprimaient, c’était avec une relative discrétion : plus intello ici, plus économique là, plus déjantée ailleurs.
Il y avait encore de l’esprit, celui qui consiste à se moquer, voire à choquer, mais avec humour et dérision. Il y avait des débats, qui nous trouvions alors assez équilibrés, et surtout, les journalistes ne donnaient pas systématiquement leur avis, sauf quand on le leur demandait sous la forme d’éditos bien saignants.
Aujourd’hui, écouter une matinale relève de l’acrobatie. il faut jongler avec les fréquences assez rapidement pour éviter les conclusions hâtives, les “oui mais”, et les complaisances.
Il y a les radios dont le virage à droite est si flagrant qu’on se demande s’ils ne sont pas tous en culottes courtes, les stations dont l’orientation à gauche frôle la sortie de route, les radios qui récupèrent les humoristes déchus, celles qui se vantent d’être neutres, sans avoir intégré cette aptitude suisse, et les fréquences dont le propos est si pointu qu’il anéanti l’effet de la caféine.
Évidemment, on peut arguer qu’il en est de même avec la presse écrite et les chaines d’info en continu. Mêmes les canaux de diffusion alternatifs et les réseaux sociaux se sont mis à l’info partisane.
On finira par ne plus regarder que Squeezie et Cyril Lignac.
Max Ernst, « l'Ange du foyer » - 1937
La journée au musée
Dans quelques mois, le Centre Pompidou fermera ses portes pour cinq longues années de restauration.
Avant de tirer sa révérence provisoire, cet extraordinaire bâtiment, conçu par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, s’offre une exposition d’une densité exceptionnelle au titre évocateur : Surréalisme.
A peine entré, dans une mise en scène 2.0, on tombe sur l’exemplaire original du Manifeste du Surréalisme d'André Breton, publié le 15 octobre 1924, et qui n’avait jamais quitté les collections de la Bibliothèque Nationale jusqu’alors.
Dans ce texte fondateur, Breton définit le surréalisme comme “l’automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.”
Il défend une création non intellectuelle, dont l’élaboration vient de l’inconscient de l’artiste, sans barrière bien-pensante, en laissant libre court à l’imagination, à la subversion, et à l’impertinence. Les surréalistes envient même aux fous et aux aliénés leur puissance imaginative totale.
En 14 chapitres évoquant les figures littéraires ayant inspiré le mouvement surréaliste, et à travers 400 œuvres - rien de moins - le Centre Pompidou fait un large tour de cette vaste question.
Rêves, machines à coudre, chimères, monstres politiques, mères et forêts, autant de thématiques libres sur lesquelles les artistes surréalistes se sont penché.
Impossible de rendre hommage à un seul artiste tant il y en a. On citera, de façon ultra personnelle, Victor Brauner et ses petits portraits (Autoportrait de 1931, et Hitler de 1934), les collages de Max Ernst, les dessins de Toyen et de Tatsuo Ikeda, les poupées de Hans Bellmer, les photos de Brassaï et de Dora Maar, les peintures de Dorothea Tanning.
Sans parler des Magritte, Dali, Miro, des poèmes, des films, des manifestes, des articles,…
Il faut d’ailleurs souligner l’influence des femmes artistes dans le mouvement surréaliste. Relativement méconnues et peu mises en lumière par leurs contemporains masculins - qui préféraient les rêver et les désirer que les soutenir artistiquement - elles retrouvent, dans cette exposition, une place largement méritée.
Les surréalistes s’opposent à toute forme de rétrécissement de la pensée. Ils sont irrévérencieux à la limite du convenable, réfutent les morales sociales et les académismes et combattent la censure. Ils promeuvent l’abandon de l’ordre établi et la création d’un art de liberté absolue.
Il serait bon que certains aujourd’hui, enfermés dans leur dogmatisme et leur obscurantisme, s’en inspirent.
Vœu pieux, mais sait-on jamais… la roue tourne.
Surréalisme
Centre Pompidou jusqu’au 13 janvier 2025
S’il vous reste encore un peu de jambes et de curiosité, courrez voir l’exposition qui célèbre la BD de 1964 à nos jours. Ça se termine le 4 novembre prochain, et que l’on soit novice ou amateur, c’est une chouette expo à bouquiner sans modération.
En collaboration commerciale avec la Maison Dom Pérignon.
Tradition, harmonie et modernité
Quatre soirées d’exception pour saisir du bout des lèvres la singularité remarquable de la Maison Dom Pérignon et la portée de son héritage.
Des « Tables Créatives » conçues autour de professionnels au savoir-faire reconnu : Vincent Chaperon, Chef de caves Dom Pérignon depuis 2019, Amaury Bouhours, Chef Exécutif du restaurant doublement étoilé Le Meurice-Alain Ducasse et membre de la Dom Pérignon Society, Julie Rothhahn, designer culinaire audacieuse et renommée.
Millésimées par essence, les cuvées Dom Pérignon expriment toute la complexité des saisons. Leur maturation lente révèle une plénitude et un caractère uniques.
Le nouveau Dom Pérignon Vintage 2015 capture l’essence d’une année de forts contrastes climatiques. Il en ressort une cuvée intense et profonde, aux saveurs nettes et aux arômes subtils.
Ample et délicat, ce millésime 2015 est le trait d’union rare et harmonieux de cette Table Créative à six mains.
Tables Créatives Maison Dom Pérignon
Du 8 au 11 octobre 2024, au Restaurant Le Meurice-Alain Ducasse
228 rue de Rivoli, 75001 Paris
650€ - Diner immersif pour 26 personnes uniquement.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.