Tikkoun Olam
Réparer le monde
Dans l’enseignement juif, il y a une notion qui se rappelle à nous régulièrement et de façon souvent brutale, le Tikkoun Olam.
Si l’on traduit communément Tikkoun par “réparation”, la signification biblique est bien plus large : améliorer, réparer, préparer, mettre en place, faire quelque chose avec...
En hébreu biblique, Olam désigne l'ensemble du temps, en hébreu moderne, cela signifie le monde.
Tikkoun Olam, c’est donc réparer ou améliorer le monde.
Les commentateurs des textes bibliques aiment à dire que Dieu a créé le monde intrinsèquement bon, en laissant délibérément de la place pour que nous puissions améliorer son œuvre.
Nous voici donc dans ce monde imparfait, dans lequel chacun de nous, de façon individuelle comme collective, a le devoir de participer au Tikkoun.
Dans la confusion, nous devons trouver du sens, dans la fureur, nous devons chercher l’harmonie, de l’horreur, nous devons révéler la force.
L’innocent créateur n’avait sans doute pas mesuré à quel point l’Homme et la Femme allaient s’attacher non pas à Tikkouner, mais à maltraiter de façon narcissique son travail.
Reprenons la toute première de nos histoires, bien avant que Cendrillon ne se laisse peloter par un prince au grand désespoir des néoféministes.
Il y avait un jardin, pas si Eden que ça, dans lequel vivaient Adam et Eve, deux sublimes spécimens créés par Dieu. Innocents et purs, ils n’avaient d’autres interdictions que celle de ne pas s’approcher de l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal et d’en manger les fruits.
Manque de bol, le serpent, lascive créature, eu vite fait de convaincre la gourmande Eve de croquer dans la pomme ; cette dernière, probablement conquise ou prise de remords, ne trouvant rien de mieux que de courir partager le fruit de son méfait avec Adam.
Vint alors le temps de la honte et des reproches, celui de l’expulsion et de la déchéance à une condition d’humains ordinaires.
Pour le Tikkoun, c’est déjà bien raté…
À moins que Dieu, dans sa grande roublardise, n’ait décidé que les Hommes et les Femmes devaient être faillibles pour mieux renaître, devaient tomber pour mieux rebondir, devaient souffrir pour mieux survivre, et se battre pour mieux espérer.
Mais dans ses moments si troublés où les Caïn tyrannisent les Abel, où la connaissance du bien et du mal est une notion périmée et où la restauration de l’harmonie et de la solidarité universelle une utopie, réjouissons-nous des événements de joie qui sont force de vie et de Tikkoun Olam.
Et je me demande s’il n’y en a pas un qui pointe le bout de son voile…
Coming soon
A Lafayette Anticipations, une exposition collective se pose la question de ce qui nous attend dans le futur.
Il y a les pessimistes et les très pessimistes, les combatifs et les ironiques, les incrédules et les résignés.
Quelques tikkounés et quelques nostalgiques aussi.
Il y a aussi maintenant Pluto, un joli resto-café, modernisé et funkynisé sous la houlette du chef Thomas Coupeau. Le midi ses quelques petites assiettes envoient du très bon.
Asperges, livèche, citron confit - hachis parmentier de champi - Mac’n cheese cacio et peppe - avocado toast.
Et surtout un cheesecake basque, léger comme une plume crémeuse, assaisonnée d’un filet d’huile d’olive et de bonbons de rhubarbe. Totalement addictif.
Pluto n’est pour l’instant ouvert que la journée, mais le sera très prochainement le soir dans une formule plus étoffée.
Un petit musée encore tranquille qui propose des expos gratuites et permet de se poser dans le sublime atrium de Rem Koolhaas tout en se régalant.
Tikkoun Olam, c’est certain.
Lafayette Anticipations jusqu’au 12 mai 2024
Pluto Du mercredi au dimanche 11h-18h30
